Vif émoi dans le milieu des plai­san­ciers varois.

Réunis ven­dre­di matin autour d’une confé­rence de presse dans les locaux de la Société Nautique de la Petite Mer, les plai­san­ciers varois entendent dénon­cer la bru­tale aug­men­ta­tion de leur rede­vance annon­cée tout récem­ment par Port Toulon Provence.

Les mines étaient graves, et le ton solen­nel, lorsque, tour à tour, les élus du CLUPIPP* de quatre ports de la région tou­lon­naise (La Seyne, Le Brusc, le Lazaret et St-Elme) ont pris la parole pour expo­ser leur inquié­tude. Ils viennent en effet d’ap­prendre que le ges­tion­naire PTP, éma­na­tion de la com­mu­nau­té Toulon Provence Méditerranée, impo­sait à tous les plai­san­ciers de la région une aug­men­ta­tion dras­tique du tarif de la loca­tion qu’ils lui versent. Destinée à l’o­ri­gine à cou­vrir les frais de ges­tion admi­nis­tra­tive, elle bon­dit, à cer­tains endroits, de 400 %

Perspective into­lé­rable pour des plai­san­ciers qui, sou­ligne un inter­ve­nant, ne sont pas tous de riches pro­prié­taires de grands yachts. « Cette nou­velle forme d’im­pôt, du reste, est inique, puis­qu’elle impacte en valeur la barque de 4,50 m de la même manière que le navire de plus de 12 m », ajoute-t-il.

Autre fac­teur de colère, l’as­pect rétro­ac­tif de l’aug­men­ta­tion qui, envi­sa­gée pour l’an­née 2016, concer­ne­ra éga­le­ment l’exer­cice 2015.

« C’est une double peine », mur­mure dans l’as­sis­tance un retrai­té pro­prié­taire d’un poin­tu de sept mètres qui voit avec effroi la pers­pec­tive de devoir débour­ser plus du double de la somme habituelle.

Les élus du CLUPIPP énu­mèrent leurs griefs à l’en­contre des manières de Port Toulon Provence, qu’ils jugent cava­lières :
• absence des textes et décrets déter­mi­nant les champs d’ap­pli­ca­tion pré­cis de cette rede­vance,
• absence de moda­li­tés de cal­cul pré­cises inhé­rentes à la spé­ci­fi­ci­té de chaque port,
• amal­game sur une seule et même ligne d’un nou­vel impôt et des frais de ges­tion admi­nis­tra­tive, avec tous les risques de cumul d’aug­men­ta­tion pour les années à venir.

Et de rap­pe­ler que les ports qui accueillent la plai­sance ne sont pas une charge, mais une plus-value, dans la mesure où elles valo­risent les com­munes dans des régions à forte attrac­tion touristique.

Mais c’est sur­tout le manque de dia­logue et de concer­ta­tion qui choque les repré­sen­tants des plai­san­ciers. Mis devant le fait accom­pli, ils soup­çonnent une volon­té de chas­ser les plus humbles au béné­fice de quelque pro­jet luxueux, sou­te­nant, à l’in­verse, que la plai­sance, si modeste qu’elle soit, est au cœur de l’é­co­no­mie locale et du tis­su asso­cia­tif, ani­mée par des pas­sion­nés de la mer et de l’environnement.

Comme le déclare le repré­sen­tant des ports de la Baie du Lazaret : « Inutile d’al­ler bien loin pour décou­vrir les rideaux bais­sés des com­merces qui bordent les quais de com­munes où seul le cla­que­ment des drisses dérangent les mouettes le long des pon­tons déserts pen­dant neuf mois de l’an­née. Dans ce contexte, ajoute-t-il, la plai­sance de proxi­mi­té est une forme émi­nente de res­pect du patri­moine ». L’assemblée acquiesce sous le regard des journalistes.

Se tour­nant solen­nel­le­ment vers le ges­tion­naire Port Toulon Provence, diri­gé par M. Robert Cavanna, les CLUPIPP concer­nés demandent tous les éclair­cis­se­ments pos­sibles et annoncent se réser­ver le droit de sai­sir le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif ou toute autre juri­dic­tion com­pé­tente, tout en requé­rant, dans l’in­ter­valle, l’an­nu­la­tion d’aug­men­ta­tions qu’ils jugent dif­fi­ci­le­ment sup­por­tables et bru­ta­le­ment imposées.

Affaire à suivre, donc…

Mathieu Gallifrey

* Les CLUPIPP, ou Comités Locaux des Usagers Permanents des Installations Portuaires de Plaisance, sont les ins­tances repré­sen­ta­tives des plai­san­ciers, et leur voix légale auprès des auto­ri­tés de ges­tion des­dites installations.