Les Championnats d’Europe d’athlétisme en salle viennent de se dérou­ler du 3 au 5 mars 2017 à Belgrade. Les Français Kevin Mayer à l’heptathlon et Floria Gueï au 400 m ont été sacrés cham­pions d’Europe.

Le jeune Kevin Mayer, 25 ans, est par­ti pour une grande car­rière. Déjà médaillé d’argent du décath­lon aux der­niers Jeux olym­piques de Rio en 2016, il béné­fi­cie­ra désor­mais du départ en retraite de son vain­queur au Brésil, puisque l’Américain Ashton Eaton a annon­cé récem­ment qu’il rac­cro­chait les pointes. Cela fait du Français le n°1 mon­dial, place pour l’ins­tant vir­tuelle, qu’il lui fau­dra assu­mer lors des grands évé­ne­ments des pro­chaines sai­sons (cham­pion­nats d’Europe et du monde, Jeux olym­piques). Il a bien com­men­cé sa domi­na­tion en s’imposant de belle manière à Belgrade à l’heptathlon avec 6 479 points, nou­veau record d’Europe. Il devient ain­si le deuxième per­for­meur mon­dial de tous les temps, der­rière Ashton Eaton qui détient le record du monde avec 6 645 points réus­sis en 2012.

Floria Gueï, pour sa part, a conquis un titre qui est un véri­table abou­tis­se­ment. Il faut se sou­ve­nir qu’après la fin de car­rière de Marie-José Pérec, triple cham­pionne olym­pique aux Jeux de 1992 et 1996, le 400 m fémi­nin tri­co­lore était qua­si­ment sinis­tré puisque les « quar­ter-milers » fran­çaises occu­paient des places ano­nymes dans les pro­fon­deurs des clas­se­ments. Elles déci­dèrent de réagir pour, au moins, com­men­cer à remon­ter la pente dans les relais 4×400 m. Quelques années plus tard, la moti­va­tion et l’effet de groupe aidant, les résul­tats arri­vèrent, jusqu’à la consé­cra­tion qui se pro­dui­sit aux cham­pion­nats d’Europe en plein air de Zurich (2014) où elles arra­chèrent le titre du relais. Floria Gueï se posi­tionne main­te­nant comme lea­der de la dis­ci­pline en France. Son chro­no de 51« 90, réa­li­sé sur le tour­ni­quet de 200 m de déve­lop­pe­ment de la salle de Belgrade, laisse augu­rer un temps proche des 50″ cet été, ce qui lui ouvri­rait une place en finale des Mondiaux de Londres. Et la rap­pro­che­rait un peu du stra­to­sphé­rique record de France de la Guadeloupéenne (48« 25 en 1996)… hélas inabor­dable pour elle !

D’autres ath­lètes fran­çais ont éga­le­ment brillé

Un autre Français s’est dis­tin­gué en mon­tant sur le podium : Pascal Martinot-Lagarde, cham­pion sor­tant sur 60m haies. Mais il n’a pas pu renou­ve­ler son bail et s’est conten­té d’une médaille d’argent (7« 52). Dans cette course, les autres tri­co­lores se sont bien clas­sés ; Garfield Darien a fini 4e (7« 54), à 1100 du bronze, juste devant Aurel Manga, 5e en 7« 58.

Le junior Melvin Raffin a frap­pé un grand coup en amé­lio­rant le record du monde du triple saut indoor dans sa caté­go­rie d’âge avec 17,20 m lors des qua­li­fi­ca­tions. Et puis, il faut aus­si rele­ver la 6e place d’Axel Chapelle, un jeune en deve­nir à la perche, avec un saut à 5,80 m, tout proche du podium qui s’est joué à 5,85 m.

Ces ath­lètes fran­çais qui riva­lisent au plus haut niveau ne sont pas des incon­nus puisque cer­tains ont brillé avant d’ar­ri­ver chez les seniors, jus­qu’à être cham­pions du monde juniors comme Pascal Martinot-Lagarde (2010), Axel Chapelle (2014) et Kevin Mayer (2010) qui, en ce qui le concerne, l’a été éga­le­ment chez les cadets (2009) ! De la graine de champions…

Ces Championnats conti­nen­taux en salle ont aus­si mis en lumière quelques superbes pres­ta­tions réus­sies par les ath­lètes des autres pays. Notons les deux médailles d’or conquises faci­le­ment par la Britannique Laura Muir sur 1 500 m et 3 000 m ; le Tchèque Pavel Maslak, déci­dé­ment roi de la salle, a décro­ché pour la troi­sième fois la médaille d’or du 400 m.

Trois Polonais se sont par­ti­cu­liè­re­ment mis en évi­dence : le titre du poids est reve­nu à Konrad Bukowiecki (21,97 m) qui a devan­cé lar­ge­ment l’Allemand David Storl, 3e avec 21,30 m – qui s’entête à lan­cer en trans­la­tion alors que la rota­tion devient la tech­nique la plus per­for­mante – celui du 800 m par Adam Kszczot et celui du 1 500 m par Marcin Lewandowski.

Enfin, il faut regret­ter l’absence des Russes (seule a pu concou­rir la sau­teuse en lon­gueur Darya Klishina qui vit aux États-Unis), tou­jours inter­dits de com­pé­ti­tions depuis l’an der­nier. Or, l’athlétisme a besoin de la Russie, qui est un grand pays. Il faut donc condam­ner cette exclu­sion scan­da­leuse qui vise plus à faire du Poutine bashing et de la rus­so­pho­bie qu’à pro­té­ger l’athlétisme du dopage car, dans ce cas, on pense qu’une dizaine de pays pour­raient méri­ter le même sort. De plus, condam­ner tout un pays abou­tit for­cé­ment à punir des inno­cents par­mi les ath­lètes, ce qui n’est pas équi­table : les sanc­tions doivent être indi­vi­duelles et non collectives.

Ophélie Dubreuil