Ces milliardaires qui règnent sur les médias

AVEC LEUR LIVRE MÉDIAS, LES NOUVEAUX EMPIRES (ÉDITIONS DU MOMENT), LES JOURNALISTES AMAURY DE ROCHEGONDE ET RICHARD SÉNÉJOUX SE SONT INTÉRESSÉS À CES MILLIARDAIRES GRIMÉS EN PATRONS DE MÉDIA QUI RÈGNENT AUJOURDHUI SUR LA PRESSE, LA TÉLÉ ET LA RADIOLE SITE DU NOUVELS OBS EN PUBLIE QUELQUES EXTRAITS.

Ils sont huit. Huit grandes for­tunes issues du luxe, de l’industrie ou encore des télé­coms, qui se par­tagent aujourd’hui la qua­si-tota­li­té des médias. Patrick DrahiArnaud Lagardère, Bernard Arnault, Xavier NielVincent Bolloré… tous par­ti­cipent à la ful­gu­rante concen­tra­tion des médias que nous vivons actuel­le­ment. Quels sont leurs inté­rêts ? Leur rela­tion avec leurs médias ? Avec le pou­voir ? C’est ce qu’ont ten­té de com­prendre nos deux jour­na­listes dans ce livre. Rien d’inédit en soi dans l’analyse, mais quelques anec­dotes croustillantes.

« JE VOUS ENREGISTRE »

Quand Serge Dassault, pro­prié­taire du groupe Le Figaro, encense Manuel Valls en sep­tembre 2012. « Je dois vous dire que nous sommes très heu­reux de son action. C’est pour ça qu’il a l’appui d’un jour­nal bien connu… (…) Donc bra­vo Manuel, conti­nue ! », lance alors le séna­teur au ministre de l’Intérieur, un poil gêné.

Quand Martin Bouygues, action­naire du groupe TF1, pro­fite de la bien­veillance du gou­ver­ne­ment socia­liste : appui à l’offre de Bouygues sur SFR en 2004 ; sou­tien de l’Élysée lors de la ten­ta­tive de Bouygues d’entrer au capi­tal d’Orange.

Quand Vincent Bolloré, action­naire du groupe Canal+ et d’Havas, pre­mier groupe publi­ci­taire de France, fait pres­sion sur Le Monde via sa socié­té. Gilles Van Kote, ancien direc­teur du Monde, affirme avoir subi un véri­table « blo­cus » publi­ci­taire de la part de Havas après qu’une pigiste du Monde ait écrit un article sur le port d’Abidjan, qui aurait for­te­ment déplu à Bolloré.

Quand Xavier Niel, action­naire du Monde (avec Pierre Bergé et Matthieu Pigasse) et incar­na­tion du « patron cool », har­cèleMediapart après une enquête déplai­sante. « Le seul épi­sode de pres­sion vio­lente que j’ai eu, c’est notre enquête sur Xavier Niel. La seule per­sonne qui m’a assailli de ques­tions au télé­phone, qui m’a dit « je vous enre­gistre », c’est lui », raconte Edwy Plenel.

L’ENQUÊTE SUR DRAHI MISE SOUS LE TAPIS

Ou enfin quand Patrick Drahi, action­naire de Libération, L’Express, BFMTV, RMC…, passe un « deal » offi­cieux avec François Hollande : sau­ver Libération en échange d’un appui dans le rachat de SFR. Après son entre­tien avec Hollande, Drahi a « com­pris qu’on appré­cie­rait [son aide] » dans le rachat de Libé, éter­nel sou­tien des socia­listes. Le retour d’ascenseur ne s’est pas fait attendre : lorsque Emmanuel Macron est arri­vé à Bercy, l’enquête sur la rési­dence fis­cale du mil­liar­daire israé­lien, ouverte par son pré­dé­ces­seur au minis­tère de l’Économie et des Finances, a été gen­ti­ment mise sous le tapis.

Des exemples par­mi tant d’autres, mais qui illus­trent bien le dan­ger de cette concen­tra­tion des médias entre les mains de quelques oli­garques, tous inté­res­sés finan­ciè­re­ment et idéo­lo­gi­que­ment par leurs prises média­tiques, et tous main dans la main avec le pouvoir.

Source : OJIM http://www.ojim.fr/

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