Partout dans le monde, le chômage des arabo-musulmans bat des records

Le site de réin­for­ma­tion Le cour­rier des stra­tèges, ani­mé par Éric Verhaeghe publie :

Partout dans le monde, le chômage des arabo-musulmans bat des records

La ques­tion du chô­mage des ara­bo-musul­mans est sou­vent occul­tée, faute, en France, de sta­tis­tiques eth­niques. Mais le rap­port de l’OCDE sur les migra­tions s’affranchit de cette contrainte et donne des sta­tis­tiques tout à fait sai­sis­santes sur la ques­tion. Nous repro­dui­sons ici le tableau com­pa­rant les taux d’emploi et les taux de chô­mage dans l’OCDE par région d’origine. Ce docu­ment peu soup­çon­nable d’être pro­duit par la facho­sphère mérite quelques com­men­taires factuels.

Taux d'emploi et de chômage OCDE 2018

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L’intérêt majeur de ce tableau est de com­pa­rer, région du monde par région du monde, le taux de chô­mage « eth­nique », c’est-à-dire le taux de chô­mage selon l’origine des com­mu­nau­tés. Le tableau per­met aus­si de com­pa­rer ce taux de chô­mage à celui des per­sonnes nées à l’étranger dans le pays en ques­tion, à celui des autochtones.

Le chômage des étrangers et l’anomalie américaine

Premier point : par­tout dans le monde, le taux de chô­mage des étran­gers est supé­rieur à celui des autoch­tones, sauf aux États-Unis. En 2018, les Américains d’origine connais­saient un taux de chô­mage supé­rieur de 0,6 point à celui des étran­gers ins­tal­lés Outre-Atlantique. Ce dif­fé­ren­tiel était de 0,7 point cinq ans plus tôt.

Dans le reste du monde (sauf en Australie qui a inver­sé la ten­dance depuis 2013), le taux de chô­mage des autoch­tones est sys­té­ma­ti­que­ment infé­rieur à celui des étran­gers. Dans l’UE, ce dif­fé­ren­tiel attei­gnait près de 7 points en 2013. Il est de près de 5 points en 2018.

Il est vrai qu’en Australie comme au Canada, la dif­fé­rence entre les taux de chô­mage des autoch­tones et des étran­gers est moins forte. On peut avoir ici l’indice d’une plus grande fer­me­ture des mar­chés de l’emploi sur le Vieux Continent.

Européens et Américains champions mondiaux de l’intégration

Partout dans le monde, ce sont les Européens et les Américains qui détiennent les meilleurs taux d’emploi et de chô­mage. S’agissant des Européens, c’est para­doxa­le­ment en Europe qu’ils sont les moins employés.

Cette « mau­vaise per­for­mance » sou­ligne que le chô­mage en Europe n’obéit pas à des consi­dé­ra­tions raciales ou eth­niques. Nous y revien­drons. Dans tous les cas, les Européens sont les cham­pions du tra­vail en Australie, avec un taux de chô­mage de 4% seule­ment, contre près de 5,5% pour les Australiens.

Les Américains sont pour leur part cham­pions du taux d’emploi.

Les arabo-musulmans champions mondiaux de l’exclusion

Inversement, par­tout dans le monde, les groupes eth­niques d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient cumulent les taux d’emplois les plus faibles et les taux de chô­mage les plus éle­vés.
En Australie : le taux d’emploi de ces groupes est infé­rieur de 25 points à la moyenne des autoch­tones, et leur taux de chô­mage est le double de celui des autoch­tones.
Aux États-Unis, la dis­per­sion des popu­la­tions est dif­fé­rente et com­plique les com­pa­rai­sons. On peut tou­te­fois noter que les popu­la­tions ori­gi­naires d’Afrique y ont le taux de chô­mage le plus éle­vé (avec celles des « autres régions ») et que ce taux attei­gnait pra­ti­que­ment les 10% il a cinq ans.
Dans l’Union Européenne, les popu­la­tions d’Afrique du Nord ont un taux de chô­mage inéga­lé, supé­rieur à 20%, soit près du double des autoch­tones. Leur taux d’emploi y est de 50%, soit près de 30 points de moins que celui des autochtones.

Comparaison avec l’immigration asiatique

Il est par­ti­cu­liè­re­ment sai­sis­sant de com­pa­rer ces chiffres éle­vés avec les « per­for­mances » des popu­la­tions asia­tiques. Celles-ci, par­tout dans le monde, pré­sentent des taux de chô­mage faibles et des taux d’emplois élevés.

Ces élé­ments sou­lignent plu­sieurs points dif­fi­ciles à trai­ter de façon ration­nelle. D’une part, si les pays d’accueil étaient réel­le­ment dis­cri­mi­nants vis-à-vis des étran­gers, les Asiatiques souf­fri­raient autant du chô­mage que les Nord-Africains, ce qui n’est pas le cas. D’autre part, si la ques­tion de l’exclusion des Arabo-Musulmans se résu­mait à une his­toire de désa­mour entre l’Europe et l’Islam, rien n’explique qu’en Australie, les Nord-Africains connaissent plus le chô­mage que les autres communautés.

Par-delà les polé­miques, l’étude de l’OCDE sou­lève donc de vraies ques­tions culturelles.

Notre illus­tra­tion à la une : file d’at­tente de chô­meurs en Espagne devant l’Oficina de Empleo