Il était une fois le monastère de la Grande Chartreuse…

SItué à 1190 mètres d’altitude, acces­sible uni­que­ment à pieds, vieux de presque un mil­lé­naire et gar­dien de recettes de liqueurs ultra-secrètes, le monas­tère de la Grande Chartreuse a de quoi intri­guer… Et ça ne date pas d’hier ! Depuis sa fon­da­tion au XIe siècle, il a connu des hauts et des bas et n’a jamais ces­sé d’être la source d’interrogations. Divine Box remonte le temps pour vous emme­ner décou­vrir la longue his­toire du monas­tère de la Grande Chartreuse. 3, 2, 1, c’est parti !

Un rêve devenu réalité

C’est en 1084 que tout com­mence. Cette année-là, l’évêque de Grenoble (le futur saint Hugues !) a une vision de sept hommes vou­lant louer Dieu dans une mon­tagne appe­lée « Chartreuse ». Exactement au même moment, il reçoit la visite d’un uni­ver­si­taire de Cologne (le futur saint Bruno – déci­dé­ment, il y en a des saints dans cette his­toire !) accom­pa­gné de six com­pa­gnons. Saint Hugues, ne croyant pas vrai­ment à une simple coïn­ci­dence, les emmène prier en mon­tagne. Bruno est séduit : lui qui rêvait de s’isoler pour se consa­crer à Dieu, le voi­là servi !

La construc­tion d’un monas­tère com­mence alors. Sa par­ti­cu­la­ri­té ? Allier vie soli­taire et vie com­mu­nau­taire. Eh oui, c’est pos­sible, en témoignent les petites cel­lules en bois indé­pen­dantes et reliées entre elles par une gale­rie qui mène à l’église et au réfec­toire. Une fois ce monas­tère construit, Bruno part en Italie pour fon­der une deuxième « Chartreuse » sur le même modèle. Et tout ça à par­tir d’un songe…!

Jean-Bernard Restout - Moine chartreux

C’est saint Bruno qui a fon­dé l’ordre des Chartreux au XIe siècle. Il a été peint par Jean-Bernard Restout au XVIIIe siècle

Une trace écrite, enfin !

En 1101, Bruno, père des Chartreux, meurt. Et à ce moment-là, 17 ans après la fon­da­tion du monas­tère de la Grande Chartreuse, il n’existe tou­jours aucune règle écrite posant les prin­cipes de la vie des moines. Et ce mal­gré les nom­breux ermi­tages de Chartreux fon­dés. Ce n’est que vingt ans plus tard que le prieur géné­ral, Guigues le Chartreux, décide d’en éta­blir une. Les « sta­tuts » naissent en 1127 et se dif­fusent ensuite dans toutes les « Chartreuses » d’Europe.

Dans le mode de vie prô­né par ces sta­tuts, le silence et la prière occupent une place cen­trale. Mais on y évoque éga­le­ment le tra­vail, la vie en com­mu­nau­té, l’obéissance au supé­rieur… Aujourd’hui, près d’un mil­lé­naire plus tard, c’est tou­jours d’actualité au monas­tère de la Grande Chartreuse !

Vincenzo Carducci - Moines chartreux

Guigues le Chartreux est le pre­mier moine de la Grande Chartreuse à avoir écrit les règles de vie de l’ordre en 1127. Il est à gauche sur cette pein­ture de Vincenzo Carducci.

Du XIIe au XXe siècle, des hauts… et des bas

Alors quau départ ils tra­vaillaient aux champs, les frères com­mencent au XIIIe siècle à exploi­ter les mines de fer envi­ron­nantes. Ils tra­vaillent alors le fer pour en faire des grilles, des ser­rures, des plaques de che­mi­née… Cette acti­vi­té, ain­si que la phar­ma­cie, l’imprimerie et la vente du bois (pour faire des mâts de bateaux notam­ment !) leur per­mettent de se déve­lop­per peu à peu.

Au XIVe siècle, il existe 150 char­treuses qui suivent le modèle de la Grande Chartreuse. Chaque mai­son a un prieur et tous font des réunions régu­lières autour d’un petit verre de liqueur (si si, c’est vrai !).

Mais à par­tir de la fin du XIVe siècle, à cause des guerres, les mai­sons ferment une à une… Et les incen­dies n’arrangent pas les choses ! La Grande Chartreuse en subit plu­sieurs et chaque fois les moines sont obli­gés de se réfu­gier ailleurs… De 1789 à 1816, après la Révolution, il n’y a plus aucune Chartreuse en France, même la Grande Chartreuse est fer­mée…. Triste sort.

Et ce n’est pas fini ! En 1903, une loi dis­sout les congré­ga­tions et les Chartreux n’échappent pas à la règle. Malgré la lutte des habi­tants du coin pour le main­tien des moines, la Grande Chartreuse est vidée par des gen­darmes un peu honteux…1903 - Expulsion moines Grande Chartreuse

Heureusement, en 1940, après 30 ans pas­sés en Italie, les frères re-peu­ple­ront le monas­tère de la Grande Chartreuse. Ouf !

Elixir, liqueurs et compagnie

C’est en 1605 que l’histoire de l’élixir de la Grande Chartreuse avait com­men­cé. À ce moment-là, le maré­chal d’Estrées avait remis aux frères de la Grande Chartreuse un mys­té­rieux manus­crit conte­nant la recette d’un élixir à base de plantes. Plus d’un siècle plus tard, frère Jérôme éta­blit au monas­tère la recette défi­ni­tive de l’élixir en ajus­tant un peu celle du manus­crit. Une recette on ne peut plus mys­té­rieuse donc, dont on sait seule­ment qu’elle est éla­bo­rée avec 130 plantes dif­fé­rentes… Intrigant, n’est-ce pas ?

L’élixir végé­tal appa­raît rapi­de­ment comme un puis­sant remède et les frères décident de modi­fier un peu la recette afin d’en faire une liqueur agréable à dégus­ter. La Chartreuse Jaune et la Chartreuse Verte naissent ain­si à la fin du XVIIIe siècle. Et leurs recettes sont tout aus­si secrètes que celle de l’élixir ! Un vrai mys­tère… À cause des aléas de l’histoire, les char­treux ont dû dépla­cer leur dis­til­le­rie sept fois depuis le XVIIe siècle. Depuis 2018, ils fabriquent leurs liqueurs à Aiguenoire, une dis­til­le­rie toute récente et très moderne !

Fabrication Chartreuse

Dom Benoît fabrique des liqueurs à la dis­til­le­rie de la Grande Chartreuse. © Divine Box

Et aujourd’hui ?

Il y a aujourd’hui une ving­taine de moines qui vivent dans la mon­tagne au sein du monas­tère de la Grande Chartreuse. Ils suivent tou­jours les sta­tuts défi­nis en 1127 (Guigues le Chartreux, vous vous sou­ve­nez ?). C’est une com­mu­nau­té par­ti­cu­liè­re­ment silen­cieuse et les frères sont très soli­taires. Mais ils ont tout de même une vie com­mu­nau­taire riche, avec trois offices par jour (dont un à 1 heure du matin !), le tra­vail au jar­din et la fabri­ca­tion de la Chartreuse.

Pour pré­ser­ver la vie de prière des moines, le monas­tère ne se visite pas. Alors pour satis­faire les petits curieux, un Musée a ouvert en 1957.

Moine chartreux

En accord avec les Statuts de 1127, les frères de la Grande Chartreuse vivent encore aujourd’hui une vie très soli­taire. – zeppelin-geo.com

Découvrir les produits du monastère de la Grande Chartreuse

Et voi­là, vous savez main­te­nant (presque) tout sur ce monas­tère plein de secrets. Vous pou­vez cli­quer ici si vous vou­lez en apprendre encore plus sur l’histoire du monas­tère de la Grande Chartreuse.
Et pour goû­ter tout ça, décou­vrez ici les pro­duits du monas­tère de la Grande Chartreuse sur la bou­tique monas­tique en ligne de Divine Box.