Pourquoi le gouvernement soutient-il encore Delevoye ?

Ayant per­du toute cré­di­bi­li­té pour assu­rer ses fonc­tions de « haut com­mis­saire aux retraites » dési­gné par le gou­ver­ne­ment, Jean-Paul Delevoye a dû démis­sion­ner à recu­lons sous l’a­va­lanche de scan­dales qui s’a­bat­taient sur lui, jour après jour.

Les Français se demandent encore com­ment ce per­son­nage a pu être nom­mé à ce poste qui requiert la plus grande pro­bi­té dans la conduite de sa vie. Menteur-tri­cheur, égoïste, pro­fi­teur, hâbleur, jouis­seur, esbrou­feur, cet impos­teur aurait pu, les Français pou­vaient s’y attendre, faire l’ob­jet d’une condam­na­tion de la part du gou­ver­ne­ment. Un com­mu­ni­qué tout en ron­deur du type : « Le gou­ver­ne­ment découvre les dis­si­mu­la­tions nom­breuses et incon­grues de Jean-Paul Delevoye qui lui ôtent toute légi­ti­mi­té morale à pour­suivre la mis­sion qu’il lui a confiée et en consé­quence a mis fin à celle-ci. »

C’est tout le contraire qu’il se passe

Le Premier ministre, Édouard Philippe : «[Je] pense que la bonne foi de Jean-Paul Delevoye est totale » et de pour­suivre : « Quand il a eu la cer­ti­tude que quelque chose, dans sa décla­ra­tion n’allait pas, il a à la fois démis­sion­né des man­dats pour les­quels il n’était pas rému­né­ré et s’est enga­gé à rem­bour­ser immé­dia­te­ment les sommes en ques­tion ». Nous enten­dons : « À tous les voleurs, ce conseil : “Rendez votre lar­cin si vous êtes pris et échap­pez ain­si à la pri­son !”».

Le ministre de l’Éducation natio­nale s’est sen­ti concer­né(1) par les mal­heurs de son col­lègue : « Jean-Paul Delevoye a com­mis une erreur, il l’a recon­nue. Il ne fau­drait pas qu’on abuse de cette erreur ». Et c’est tout le gou­ver­ne­ment qui prend la défense du filou : Darmanin, Buzyn et d’autres dont le nom ne nous dit rien. Pourquoi donc le gou­ver­ne­ment prend-il la défense de ce haut com­mis­saire aux retraites, deve­nu inau­dible, au risque de heur­ter les Français ? Ces Français qui se lèvent tôt et roulent au gasoil la clope au bec pour aller gagner leur pitance et qui tou­che­ront une retraite de misère. Ces Français qui ne sont rien et qui n’ont pas réus­si — comme Delevoye qui appar­tient à ceux qui ont réus­si, bien entendu.

Pourquoi le gou­ver­ne­ment choi­sit-il de heur­ter les Français en se fai­sant l’a­vo­cat de la turpitude ?

C’est que le gouvernement joue la solidarité de classe

Macron - Delevoye - Ferrand

Tous unis dans le men­songe et la mal­ver­sa­tion : Macron, Ferrand, Delevoye et tous les autres.

S’il avait lâché Delavoye en pleine tem­pête, cela vou­lait dire qu’il lâche­ra tout le monde lorsque la tem­pête arri­ve­ra. Nous l’a­vons vu : rares, très rares, sont les ministres et les élus en géné­ral à ne pas tri­cher et men­tir. 60 % des ministres du gou­ver­ne­ment furent redres­sés en 2018 par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique. On en arrive à pen­ser que les 40 autres pour­cents n’ont pas encore été audi­tés ! Le gou­ver­ne­ment envoie ain­si un mes­sage à ses com­pères poli­ti­ciens, tous poten­tiel­le­ment enta­chés par des décla­ra­tions men­son­gères : « Nous ne vous lais­se­rons pas tom­ber !» Ainsi il est plus impor­tant pour le gou­ver­ne­ment de s’ap­puyer sur la caste diri­geante cor­rom­pue — dont il est issu — que sur le peuple qu’il bafoue et sait mani­pu­ler. Autrement dit : « Serrons les coudes ! Restons unis dans l’im­mo­ra­li­té ! Ne lâchons pas le mor­ceau !» Car le fro­mage est bon et généreux.

« Il sera tou­jours temps de nous arran­ger lors des pro­chaines élec­tions » pré­voient-ils, en fou­droyant un can­di­dat mal pro­fi­lé (Fillon a été des­cen­du pour une affaire de cos­tume, à mille lieux des incon­duites de Delevoye — tiens ? où est la presse qui a flin­gué Fillon?) ou en dia­bo­li­sant un can­di­dat indé­si­ré. Ça fonc­tionne ! La preuve : la CGT a appe­lé à voter pour Macron, CGT qui est curieu­se­ment très rete­nue sur ce scan­dale Delevoye. C’est bien qu’elle s’en est accommodée.

Mais le peuple ne s’en accommode pas

Georges Gourdin

(1) Un concer­né n’est pas tou­jours un imbé­cile en état de siège !