Baisse du niveau scolaire : la part du rap

Il y a quelques jours, dans ces colonnes, Georges Gourdin dénon­çait notre Éducation natio­nale qui ne s’emploie « qu’à mas­si­fier, anes­thé­sier et décé­ré­brer nos enfants ». À cela il convient d’ajouter la pseu­do culture repré­sen­tée par la pseu­do musique qui leur défonce les tym­pans et, plus grave, les incite à la vio­lence contre l’ordre éta­bli. Les deux sont com­plé­men­taires évi­dem­ment, ce qui explique la com­plai­sance du pou­voir à l’égard des rap­peurs les plus vindicatifs.

C’est sans doute pour­quoi le Projet Voltaire – ser­vice en ligne de for­ma­tion à l’orthographe – qui éta­blit chaque année un « baro­mètre » du niveau des Français, à fait por­ter son étude de 2019 sur le thème : « Quel est le rap­port entre les you­tu­beurs fran­çais, le sol­fège, les goûts musi­caux et le niveau d’orthographe ». La sta­tion RMC s’en est d’ailleurs sai­si pour un sujet de repor­tage, en décembre der­nier, sous le mer­veilleux titre : « Dis-moi quelle musique tu écoutes, je te dirais (sic) si tu fais des fautes ». À RMC, la musique dif­fu­sée a déjà fait son œuvre, semble-t-il !

Sans surprise, le résultat de l’enquête enfonce des portes ouvertes

Les ama­teurs d’indie (rock « indé­pen­dant », musique « pla­nante ») arrivent en tête, avec 63,2 % des règles maî­tri­sées – ce qui n’est déjà pas glo­rieux –, sui­vis pas très loin par les fans de métal et de rock tra­di­tion­nel. Et en queue de pelo­ton : les fans de rap ! Qui l’eût cru ? Ce que l’enquête de RMC a vou­lu mettre en évi­dence en son­dant des lycéens ama­teurs de ce genre de « musique » : tous avouent faire des fautes par­tout. Ben oui, les ensei­gnants le déplorent depuis belle lurette, sans avoir besoin de repor­tages pour venir démon­trer que l’eau, ça mouille.

Pascal Hostachy, coor­don­na­teur de l’étude, le cor­ro­bore : « Les gens qui écoutent de la musique indie sont des gens explo­ra­teurs, curieux, qui vont recher­cher de nou­veaux hori­zons, de nou­velles musiques, et cette curio­si­té, on peut ima­gi­ner qu’elle s’applique aus­si à la langue fran­çaise, ce qui peut expli­quer qu’ils aient un meilleur niveau. »

Pas besoin d’être grand clerc, non plus, pour com­prendre que Mozart struc­ture le cer­veau beau­coup plus avan­ta­geu­se­ment que le matra­quage binaire de Nick Conrad.

Loïc Drouallière - Orthographe chute_orthographe chiffresCe que confirme éga­le­ment Loïc Drouallière dans son livre « Orthographe en chute, ortho­graphe en chiffres » (édi­tions L’Harmatan), dans lequel il dresse un bilan du niveau d’expression écrite des étu­diants. En 25 ans, révèle-t-il, les fautes d’orthographe des étu­diants de pre­mière année ont plus que dou­blé. On obser­ve­ra sans conclu­sion hâtive – mais quand-même ! – que le départ de cette régres­sion cor­res­pond approxi­ma­ti­ve­ment à la période d’apogée du rap en France et à son hégé­mo­nie sur la musique des jeunes. En 2012, nous dit l’auteur, les copies d’examen rece­laient 106 % d’erreurs ortho­gra­phiques sup­plé­men­taires par rap­port à celles de 1994 ! Effarant.
Pour Loïc Drouallière, il n’y a aucun doute, « les échecs du pri­maire et du secon­daire en matière d’enseignement de la gram­maire et de l’orthographe pro­duisent leurs effets délé­tères jusqu’au bout de la sco­la­ri­té ».

Ce désastre, qui com­bine volon­té poli­tique de « mode­ler les enfants pour les faire entrer sans dou­leurs dans le brouet du mon­dia­lisme », comme le sou­ligne encore Georges Gourdin et accul­tu­ra­tion impo­sée par l’avantage accor­dé aux com­mu­nau­ta­rismes exo­tiques, s’inscrit à mer­veille dans la dérive liber­taire de notre socié­té héri­tée de Mai 68. L’ancienne socié­té de la res­pon­sa­bi­li­té a fait place à une socié­té des acquis qui a pro­fon­dé­ment modi­fié l’état des uni­ver­si­tés fran­çaises. Les étu­diants, tota­le­ment déres­pon­sa­bi­li­sés, n’y reven­diquent plus que des droits. Jusqu’à celui de refu­ser leurs échecs, nous apprend le site Boulevard Voltaire. Pas éton­nant puisque ce refus de l’effort est incul­qué aux enfants, dès le plus jeune âge, par une Éducation natio­nale qui nivelle par le bas, pré­fé­rant for­ma­ter les cer­veau aux dérives du « pro­gres­sisme » plu­tôt que de trans­mettre les savoirs.

Ainsi, notre socié­té, plus que jamais axée sur le liber­ta­risme, les reven­di­ca­tions extrêmes, le mul­ti­cul­tu­ra­lisme, la paresse et la dépen­dance, ne pour­ra pas aller très loin. Le chaos se pro­file de plus en plus.

Charles André

« L’important n’est pas de convaincre mais de don­ner à réflé­chir. »

[Notre illus­tra­tion à la une : Les InRockuptibles du 15 mai 2017]