Pourquoi Macron ne cédera pas

Nous sou­hai­tons par­ta­ger cette très per­ti­nente ana­lyse de Ian Manook, écri­vain, qu’il a publiée sur sa page face­book, car les idées comme la flamme ne s’af­fai­blissent pas en se propageant.

Macron ne cédera rien parce qu’il n’est pas là pour gouverner.

Il n’est même pas là pour être réélu et encore moins pour faire une car­rière poli­tique. Il se fout de tout ça, et donc il se fout de ce qu’on pense ou dit de lui, de sa cote de popu­la­ri­té, de son ave­nir poli­tique, il se fout de tout ça.

Macron est un condot­tiere man­da­té par des com­man­di­taires pour détri­co­ter et pri­va­ti­ser tout ce qui est col­lec­tif et soli­daire en France. Et sa récom­pense ne sera pas d’être réélu ou de prendre place dans le pay­sage poli­tique fran­çais, sa récom­pense sera d’aller sié­ger dans tous les conseils d’administration des socié­tés qu’il aura pri­va­ti­sées pour ses com­man­di­taires. Ce n’est rien d’autre qu’un homme de main qui obéit à des ordres et qui a agi en deux temps :
• en pour­ris­sant l’État fran­çais de l’intérieur sous un Hollande com­plè­te­ment mani­pu­lé, et
• en pre­nant ensuite pré­texte de ce pour­ris­se­ment pour mener à bien son pillage en règle de l’État.

→ Voilà pour­quoi il se moque de tous ces scan­dales à répé­ti­tion le concer­nant et concer­nant son gou­ver­ne­ment.
→ Voilà pour­quoi nous avons un gou­ver­ne­ment « de crise » com­po­sé sans ver­gogne à moi­tié de mil­lion­naires.
→ Voilà pour­quoi il garde un Président de l’Assemblée mis en exa­men,
→ pour­quoi sa ministre de la jus­tice peut dire en rigo­lant qu’elle a juste oublié de décla­rer trois appar­te­ments au fisc.
→ Voilà pour­quoi il met sans honte un voyou à la tête de la police et auto­rise à cette police des com­por­te­ments de voyous.
→ Voilà sur­tout pour­quoi il ne cède et ne céde­ra devant aucune grève.

Parce qu’il s’en fout. Il se fout de vous, il se fout du pays, il se fout de la misère et de la pau­vre­té, il se fout des ébor­gnés et des ampu­tés par sa police. Il s’en fout.

Il détri­co­te­ra tout jusqu’au bout sans écou­ter per­sonne, sans état d’âme, et ne pense qu’à la for­tune per­son­nelle que chaque action contre le bien public lui garan­tit. Et il par­ti­ra en lais­sant un pays épui­sé et exsangue, trop son­né pour se défendre contre le plus violent des sys­tèmes de finance ultra­li­bé­rale qu’on puisse ima­gi­ner. Il lais­se­ra tom­ber tout le monde. Le pays comme ceux qu’il aura mani­pu­lés pour en faire ses pires fac­to­tums et qui, seuls, devront affron­ter la ven­geance populaire.

Voilà pour­quoi il ne cède et ne céde­ra pas, et voi­là pour­quoi la seule façon de le faire céder est de nous mon­trer plus obs­ti­nés, plus jusqu’au-boutistes, plus tenaces et plus vio­lents que lui.

Il ne faut plus res­ter sur le ter­rain poli­tique. Le seul mou­ve­ment qui l’ait ébran­lé, c’est celui des Gilets Jaunes, parce qu’il l’a désar­çon­né là, poli­ti­que­ment, et sur le ter­rain où il ne s’y atten­dait pas.

En un an, il a neu­tra­li­sé ce dan­ger en le rame­nant dans les mains de ceux qui défilent dans les clous, dans des cou­loirs et dans des nasses où ils acceptent pra­ti­que­ment de se faire tabas­ser. Il faut sor­tir des clous. Disperser le mou­ve­ment, redé­fi­nir les mani­fes­ta­tions. Sortir des clous et des nasses. Il faut qu’enfin se bougent ceux pour qui nous nous bat­tons vrai­ment, étu­diants et lycéens. Il faut reprendre les ronds-points, les ponts, les péri­phé­riques, écla­ter les défi­lés dans les villes et dans le pays. Le for­cer à dis­per­ser et affai­blir ses milices. C’est une ques­tion de sur­vie du pays. Il a déjà entre­pris la pri­va­ti­sa­tion des hôpi­taux, de la SNCF, des gares, des aéro­ports, des bar­rages, de la Sécu. Il s’attaque à celle des routes, de la police, des uni­ver­si­tés, de la culture, de la jus­tice. Cet homme ne veut plus d’État, sinon pour l’armée et la police, et nous savons tous qu’un tel État s’appelle une dictature.

Ian Manook

[NDLR‑1] Ian Manook, pseu­do­nyme de Patrick Manoukian, est auteur d’une ving­taine de livres et lau­réat de plu­sieurs récom­penses lit­té­raires [source].

[NDLR‑2]

Dictature en marche - Gilets Jaunes