« En même temps » que la crise sanitaire : le scandale d’État

La crie sani­taire que tra­verse la France nous révèle que le gou­ver­ne­ment est tota­le­ment dépas­sé et tout le monde s’en rend compte : ordres et contre-ordres se suc­cèdent quo­ti­dien­ne­ment depuis deux mois (reve­nir à mon billet du 18 mars : Le macro­nisme de plus en plus abject). Sur le ter­rain, tout manque, tout fait défaut : masques, sur­blouses, lits, per­son­nel… Le pro­fes­seur Salomon nous répète à l’envi que les masques sont inutiles mais que, si l’on en dis­pose, il faut les remettre au per­son­nel soi­gnant. Une cer­taine inco­hé­rence, vous ne trou­vez pas ? Ou alors un tou­pet monstre ?

Au fait, qui est le professeur Salomon ?

C’est est un méde­cin infec­tio­logue deve­nu haut fonc­tion­naire. Spécialiste de san­té publique, il en est le Directeur géné­ral depuis le 8 jan­vier 2018. Il a aupa­ra­vant été le conseiller de Marisol Touraine (laquelle n’est sans doute pas toute blanche dans la pénu­rie de masques). Fin jan­vier, il pré­co­ni­sait « le port du masque pour les per­sonnes malades » ain­si que « des équi­pe­ments de pro­tec­tion pour les pro­fes­sion­nels du trans­port et […] du soin » et encore qu’il fal­lait « tes­ter sys­té­ma­ti­que­ment » toute per­sonne ayant des symp­tômes. Nonobstant, la porte-parole du gou­ver­ne­ment, Sibeth la bien nom­mée, affirme tou­jours que les masques ne sont utiles que pour les soi­gnants et que les tests n’apportent rien. Contraint à adop­ter une ligne de parole contraire à sa pen­sée, le direc­teur géné­ral de la Santé est bien obli­gé d’avaler des cou­leuvres et de se renier. Comme c’est grand la politique !

Tous les ingrédients du scandale d’État sont d’ores et déjà réunis

Surtout depuis l’ahurissante confi­dence de l’ex-ministre de la san­té, Agnès Buzin, faite récem­ment au jour­nal Le Monde. Si on fait le point, on a donc un Président qui ne cesse de cas­ser les ser­vices publics, l’hôpital en par­ti­cu­lier, qui savait, dès avant son élec­tion, que les ser­vices de san­té étaient tota­le­ment inca­pables de faire face à une crise majeure et qui s’est mon­tré d’un cynisme épou­van­table dans la ges­tion de l’épidémie de coro­na­vi­rus qui frappe notre pays. D’ores et déjà, un col­lec­tif de méde­cins et soi­gnants vient de dépo­ser plainte contre le Premier ministre et Agnès Buzyn pour « men­songe d’État ». Le Président ne pour­ra échap­per aux éclaboussures.

D’autant que le jour­nal L’Opinion vient de révé­ler que le pro­fes­seur Jérôme Salomon – direc­teur géné­ral de la Santé, on le rap­pelle –, celui qui éta­blit tous les soirs le bilan de l’épidémie, avait déjà aver­ti le can­di­dat Emmanuel Macron que la France n’était pas prête à faire face à une urgence sani­taire, notam­ment une épi­dé­mie. L’information pro­vien­drait des « Macron Leaks » – des notes confi­den­tielles des­ti­nées à la garde rap­pro­chée du futur pré­sident – obte­nues par le pira­tage de la mes­sa­ge­rie de plu­sieurs diri­geants d’En Marche ! Si cette infor­ma­tion était avé­rée, elle vien­drait confir­mer les fau­tees com­mises au plus haut som­met de l’État.

Connaissant les insuf­fi­sances de notre sys­tème de san­té, Macron a cepen­dant ordon­né à Agnès Buzyn de conduire une poli­tique d’austérité. La crise sani­taire étant sur­ve­nue, il a envoyé sa ministre de la Santé au casse-pipe à la mai­rie de Paris au lieu de la lais­ser gérer le pro­blème. Tout cela est gra­vis­sime. Il sem­ble­rait d’ailleurs que nos gou­ver­nants s’en rendent compte : après avoir sys­té­ma­ti­que­ment mini­mi­sé les choses, ils cherchent désor­mais à culpa­bi­li­ser les Français pour mieux dis­si­mu­ler leurs propres tur­pi­tudes. Les Gaulois réfrac­taires que nous sommes se mon­tre­raient donc inca­pables de res­pec­ter les consignes ! Encore fau­drait-il que ces consignes soient cohé­rentes. À noter que les com­por­te­ments les plus inci­viques pro­vien­nenent des quar­tiers où les Gaulois réfrac­taires sont absents.

Là encore, l’amateurisme est de mise : on nous dit — et cela a été répé­té dans le jour­nal de 20 heures sur TF1, same­di soir le 21 mars 2020 — que le virus ne cir­cule pas dans l’air et cepen­dant on inter­dit les pro­me­nades et la pra­tique de sports indi­vi­duels (marche, vélo…) dans la nature ; on inter­dit éga­le­ment d’être à deux dans un véhi­cule quand bien même les occu­pants sont des per­sonnes qui vivent confi­nées sous le même toit. Bravo la logique !

Bref, si les révé­la­tions qui com­mencent peu à peu à remon­ter à la sur­face s’accumulent, cette crise sani­taire fini­ra incon­tes­ta­ble­ment en scan­dale d’État. Et cette fois, son arro­gance ne suf­fi­ra pas à Macron pour s’en sor­tir : il a des morts sur les bras !

Charles ANDRÉ