La démocratie à la Sarkozy (mai 2005-mai 2020)

La Ve République est née en octobre 1958. Bientôt 62 ans, un bel âge pour la vieille dame. Sa Constitution per­met l’or­ga­ni­sa­tion de réfé­ren­dums, c’est à dire de poser des ques­tions direc­te­ment au peuple sans pas­ser par le par­le­ment. La pra­tique est si dan­ge­reuse pour l’é­lite diri­geante qu’elle ne s’y est essayée que… 10 fois en 62 ans. Alors que la Suisse en orga­nise plu­sieurs chaque année ! Mais c’est la Suisse que l’on dit par­fois anti­dé­mo­cra­tique !
Le der­nier réfé­ren­dum eut lieu en 2005, il y a exac­te­ment 15 ans, à quelques jours près puisque c’é­tait le 29 mai. Ce der­nier concer­nait l’adoption d’une nou­velle Constitution par l’Europe, 3 ans après le trai­té de Maastricht rati­fié en 1992.

Le man­dat de Chirac faci­li­te­ra un peu plus le pen­chant à gauche vers le PS, de l’UMP d’a­lors, diri­gée par Nicolas Sarkozy. Celui-ci fit alors cause com­mune avec François Hollande au sujet du réfé­ren­dum, en appe­lant à voter « OUI » au trai­té. Les deux futurs pré­si­dents pose­ront béa­te­ment pour Paris Match afin d’im­mor­ta­li­ser l’entente.François Hollande - Nicolas Sarkozy - Paris Match

La camp du « Oui » compte alors éga­le­ment les Verts, emme­nés par le com­plo­teur mon­dia­liste Cohn-Bendit, ou François Bayrou, qui s’ef­force de se pla­cer tou­jours du côté qui devrait gagner.

Dans le camp du « Non », pas de gros poids-lourd. Principal par­ti à s’op­po­ser au trai­té, le Front National de Marine le Pen. Ailleurs, c’est spo­ra­dique, et seuls quelques figures bra­ve­ront les inter­dits par­ti­sans : Philippe de Villiers, Jean-Pierre Chevènement, Charles Pasqua, Jean-Luc Mélenchon, Arnaud Montebourg, Nicolas Dupont-Aignan, Christine Boutin… alors que François Asselineau défend déjà son « Frexit »

On connait le résul­tat : au soir du 29 mai, le « Non » l’emporte, lar­ge­ment, de presque 10 points, avec une par­ti­ci­pa­tion de 70%, c’est à dire sans appel !Référendum Traité Maastricht

Jusque là, le pro­ces­sus démo­cra­tique tenait la route. L’Europe fut figée, il faut dire que les Pays-Bas avaient aus­si reje­té le trai­té par réfé­ren­dum trois jours après la France. Il fal­lut attendre deux ans plus tard, et l’é­lec­tion de Nicolas Sarkozy comme pré­sident de la République le 6 mai 2007, pour que les Français se rendent compte à quel point la France n’é­tait plus une démo­cra­tie telle qu’elle le croyait, mais déjà, une petite dic­ta­ture sou­mise à des forces occultes d’argent, qui elles-mêmes sou­met­taient les chefs d’État, pré­sents… et à venir.

Nicolas Sarkozy donc, fort de son titre de Président auquel il rêvait depuis bien long­temps avant qu’il ne com­mence à se raser… va com­mettre sa pre­mière tra­hi­son envers le peuple et son pays. Dès le second semestre de la même année, le même texte, sera à peine modi­fié, et pré­sen­té cette fois par le Président au vote… par le congrès le 4 février 2008. 560 par­le­men­taires essen­tiel­le­ment UMP ou PS, ont voté pour, 181 contre, et 152 élus se sont abs­te­nus. Tous les pays d’Europe eurent recours au vote par­le­men­taire, à l’ex­cep­tion de l’Irlande qui reje­ta le texte dans un réfé­ren­dum. Ce qui montre bien la véri­table repré­sen­ta­tion des par­le­ments dans les pré­ten­dues démo­cra­ties européennes !

Nicolas Sarkozy venait de pro­cé­der à ce que beau­coup retien­dront comme l’une des pires tra­hi­sons à l’égard du peuple fran­çais sous la cin­quième République. En effet, avec ses alliés euro­péens il a dès lors enga­gé la France sur une pente un peu plus accen­tuée, vers encore un peu plus de libé­ra­lisme effré­né dont les dégâts sont bien visibles aujourd’­hui avec la crise vécue ces der­niers mois. Et tan­dis que la France per­dait encore une part de son indé­pen­dance, les Français, eux, per­daient leurs illusions.

Cette tra­hi­son lais­se­ra des cica­trices dans tous les par­tis ayant voté « pour ».
De là est né le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, qui quit­ta le PS en 2008.
De là est né Debout la République de Nicolas Dupont Aignan.
De là est né l’UPR de François Asselineau.

Trois par­tis nés du mécon­ten­te­ment de la dérive dic­ta­to­riale de Nicolas Sarkozy. Celui-ci pour se faire par­don­ner et se défendre de res­sem­bler à son homogue nord-coréen, fera pas­ser une loi auto­ri­sant les Français à pro­po­ser un Référendum d’Initiative Partagée. Mais les condi­tions sont telles qu’il n’a pra­ti­que­ment aucune chance d’être mis en œuvre. Il faut en effet que la pro­po­si­tion soit enté­ri­née par 15 des par­le­men­taires (soit 185 dépu­tés et séna­teurs) et sou­te­nue par 1/​10e du corps élec­to­ral (soit 4 717 396 votants !). Il faut que la pro­po­si­tion de loi porte « sur l’organisation des pou­voirs publics, sur des réformes rela­tives à la poli­tique éco­no­mique, sociale ou envi­ron­ne­men­tale de la Nation et aux ser­vices publics qui y concourent, ou ten­dant à auto­ri­ser la rati­fi­ca­tion d’un trai­té qui, sans être contraire à la Constitution, aurait des inci­dences sur le fonc­tion­ne­ment des ins­ti­tu­tions ». Autant dire, mis­sion impos­sible.
La seule ten­ta­tive a por­té sur la pri­va­ti­sa­tion des aéro­ports de Paris en 2019, qui en mars 2020, n’a réus­si à réunir que 1,09 mil­lion de signatures.

La « démocratie » à la Sarkozy a définitivement étouffé toute possibilité de choix pour le peuple.

Gilets Jaunes - Référendum Initiative Citoyenne - RIC

Patrice LEMAÎTRE

2 Commentaires 

  1. 4 PRÉSIDENTS DEPUIS 1995 : QUE DES FAINÉANTS !
    ON PAYE LES POTS CASSES MAINTENANT

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  2. Les sables Lybiens n’ont pas TOUT absorbé

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