La destruction programmée de Clio

par | 26 juin 2020 | 2 Commentaires 

L’homme blanc est subi­te­ment mis en accu­sa­tion : il a tout faux et porte intrin­sè­que­ment le mal en lui. C’est un infâme salo­pard de nais­sance et sa cou­leur de peau l’accuse en per­ma­nence. Au delà de l’ef­fer­ves­cence actuelle, je vou­drais ajou­ter quelques consi­dé­ra­tions mon­trant qu’avec cette conta­gieuse (car se pro­pa­geant d’un conti­nent à l’autre) « colère noire » (et métis) l’on n’est peut-être plus tout à fait dans le poli­ti­co-his­to­rique (sinon hys­té­rique) mais déjà dans un domaine qui s’ouvre sur des fon­de­ments civilisationnels.

Christophe Colomb décapité

Statue du décou­vreur de l’Amérique déca­pi­tée par ceux qu’on encou­rage sour­noi­se­ment à détruire la mémoire col­lec­tive. Quand une haine rabique pousse des psy­cho­pathes à sac­ca­ger les effi­gies des grands acteurs de l’Histoire, c’est qu’un cycle risque fort de s’achever dans la bar­ba­rie et le sang.

Dans une « socié­té » (dite de pro­po­si­tions), se vou­lant très « ouverte » sur le monde, selon les sou­haits du sieur Soros, mais sévè­re­ment fer­mée au pro­fane lorsque siègent ses ins­tances suprêmes, il a été déci­dé qu’un chan­ge­ment d’une ampleur jamais réa­li­sée jusqu’à ce jour devait s’opérer à l’échelle de la pla­nète. Inventeur per­ma­nent, à l’origine de l’électricité comme de la micro-infor­ma­tique, d’une méde­cine défiant la mort et des fusées sur­vo­lant Mars ou Jupiter, l’Européen de souche appa­raît désor­mais de trop.

La « mon­dia­li­sa­tion » exige le plus de cou­leurs pos­sibles mais le blanc fait vrai­ment tache sur ce « vivren­semble » glo­bal et uni­for­mi­sé. Le moyen le plus soft pour l’éliminer consis­tant d’abord à saper sa mémoire his­to­rique. Durant qua­rante années d’errance péda­go­gique, des ensei­gnants réus­sirent pour­tant des pro­diges en pas­sant les chro­no­lo­gies de l’Histoire à la machine à confet­tis. Ce qui – dans des classes où se cha­maillent (et, la récré venue, se tabassent allè­gre­ment) une tren­taine et par­fois plus de natio­na­li­tés – abou­tit à des devoirs d’Histoire du type : « François 1er gagna la bataille de Watterloo en uti­li­sant des drones ».

En fait, chaque cité pos­sède une mémoire mer­veilleu­se­ment inté­grée à ses écoles, places, ave­nues, grands bou­le­vards ou modestes rues, par les noms les dési­gnant. Mais aus­si par les sta­tues des per­son­na­li­tés qui furent des exemples pour leur lieu natal ou la nation. Or, détail insup­por­table, ces sta­tues – sou­vent résu­mées à un buste – pré­sen­taient un visage révé­lant une typo­lo­gie « cau­ca­sienne », diraient les U.S.A., « euro­poïde » diront auda­cieu­se­ment quelques jour­na­listes en marge du Mainstream Bien-Pensant. Et ça, c’était insup­por­table. L’Amérique des cam­pus à can­na­bis devait don­ner l’exemple en com­men­çant par fra­cas­ser les sta­tues com­mé­mo­rant la Confédération sudiste. Par terre, le géné­ral Lee qui vou­lait l’abolition de l’esclavage et, après la Guerre de Sécession, deman­da la créa­tion de col­lèges pour les jeunes noirs. Également hon­ni, le géné­ral (d’origine fran­çaise) Pierre Gustave Toutant de Beauregard qui, la paix reve­nue, défen­dit la cause des noirs. Et j’en passe…

Pierre Gustave Toutant de Beauregard

Toutant de Beauregard dans son superbe uni­forme gris bleu­té de géné­ral sudiste.
La guerre ache­vée, il œuvre­ra pour le droit de vote des noirs.

Ce n’était qu’un timide début. Dans les quinze der­niers jours, ce sont les sta­tues de Christophe Colomb, de George Washington et même du colo­nel Hans Christian Heg, héros de l’armée nor­diste, qui sont jetées à terre et déca­pi­tées, tan­dis qu’au Royaume Uni celles de Winston Churchill, de Cecil Rhodes et même de Baden Powell sont taguées ou arra­chées de leur socle. Mais c’est en France que l’imbécilité, s’accouplant à un délire des­truc­teur, voit les effi­gies de per­son­nages incon­tour­nables du roman natio­nal – dont Charles de Gaulle ! – mena­cées par un conglo­mé­rat bizar­roïde com­po­sé d’abord d’individus se vou­lant « raci­sés », puis de Mélenchoniens paran­gons d’antiracisme et, enfin, d’antifas pro­fes­sion­nels (accueillant Black Blocks et Punks se pre­nant pour des Hurons). Leur actuelle « bête noire » (si j’ose dire) se nomme Colbert, ministre du Roi Soleil et inlas­sable tra­vailleur au ser­vice de l’État. Permettez-moi de m’étonner du fait que sa sta­tue, sise devant un lieu aus­si gar­dé que l’Assemblée Nationale, ait été pein­tur­lu­rée avec autant de faci­li­té. Serait-on en train de nous habi­tuer à accep­ter de nou­veaux dogmes néces­si­tant, dans un pre­mier temps, le renie­ment de notre Histoire puis, dans un second, sa dis­pa­ri­tion totale ?

En vérité c’est notre mémoire qui est menacée

Or, comme le disait Nietzsche, « les peuples qui sur­vi­vront seront ceux de la plus longue mémoire ». Phrase qui devrait être gra­vée en lettres d’acier, sinon d’or, dans toutes nos écoles, du cours élé­men­taire jusqu’à l’École Polytechnique. Et c’est là que, der­rière la bruyante agi­ta­tion reven­di­ca­tive du conglo­mé­rat évo­qué, trans­pa­rait l’enjeu d’un com­bat qua­si­ment métaphysique.

Voyons pour­quoi :
Une civi­li­sa­tion digne de ce nom ne peut exis­ter sans une mémoire indis­so­ciable de l’appartenance eth­no­cul­tu­relle du peuple qui la com­pose. La Grèce, dont l’Europe s’est long­temps vou­lue l’héritière (mais ça, comme dit une publi­ci­té, c’était avant), rap­pe­lait que (la per­son­ni­fi­ca­tion de) la mémoire(1), Mnémosyne, était née de l’union de Gaia, la « terre » (la den­si­té maté­rielle des choses, mais aus­si leur imper­ma­nence et, donc, leur vul­né­ra­bi­li­té), avec Ouranos, le « ciel » (espace où réside l’immuabilité et, en consé­quence, la per­ma­nence du divin).

Mnémosyne - Grand Palais

Sculpture repré­sen­tant Mnémosyne (près du grand Palais, Paris). D’une façon sub­ti­le­ment déli­cate, l’artiste montre ce per­son­nage dans une atti­tude de recueille­ment intense que néces­site l’effort de mémoire. L’ample voile qui la recouvre accen­tue ce sen­ti­ment d’intériorité. Une fois cette sta­tue revi­si­tée au pein­tur­lu­rage ou au mar­teau par les dénon­cia­teurs des blan­cheurs du mythe et du talent euro­péen, on n’ose ima­gi­ner ce qu’ils vou­dront mettre à sa place.

Symbolisme hau­te­ment signi­fi­ca­tif : il faut la ren­contre des domaines maté­riel et spi­ri­tuel pour qu’existe la mémoire. Zeus, sym­bo­li­sant l’autorité, s’unit à elle. De cette union naissent les neuf muses, autre­ment dit la tota­li­té du savoir néces­saire à une civi­li­sa­tion pour qu’elle s’épanouisse. Et, avec elle, les êtres la com­po­sant. Parmi ces neuf muses, Clio repré­sente l’Histoire…

Clio

Statue gré­­co-romaine repré­sen­tant Clio en train de réper­to­rier les grands événe­ments historiques.

… et c’est elle que les Black Lives Matter et autres comi­tés aux cou­leurs de la « diver­si­té » assas­sinent en van­da­li­sant les sta­tues. Et ce, pour la plus grande joie des fana­tiques isla­mistes qui, depuis la des­truc­tion des effi­gies géantes du Bouddha à Bamiyan, en Afghanistan, jusqu’au cas­sage à coups de mar­teau des sculp­tures assy­riennes en Irak, pour­suivent un grand rêve d’iconoclastie géné­rale dans une Europe demain sou­mise à la plus impi­toyable inter­pré­ta­tion de la Sha’ria. Une Europe que la lâche­té de ses diri­geants (et, il faut le dire, d’une par­tie de ses peuples) condui­ra du cime­terre au cimetière.

Un monde n’est civilisé que par un ensemble de connaissances qu’expriment les neuf Muses

Il faut donc que l’autorité, per­son­ni­fié par Zeus, appe­lé Jupiter par les Romains, s’unisse à la mémoire. Dans notre France infor­tu­née, por­tée par l’euphorie d’une élec­tion triom­phale, l’on s’est naï­ve­ment ima­gi­né qu’un État jupi­té­rien ouvri­rait une ère d’harmonie confé­rant la paix des cœurs. « Tu parles Charles ! », se seraient excla­mé nos grands-parents : on vou­lait Jupiter et on a eu Gribouille, ver­sion Black and White avec Ndiaye et Castaner dans les rôles res­pec­tifs. On dirait qu’ils tâtonnent en pleine mélasse (du grec μέλαϛ qui signi­fie noir) et l’étatique auto­ri­té est allée se plan­quer dans un pla­card pous­sié­reux d’archives minis­té­rielles. Des phrases fini­ront dans des dic­tion­naires de cita­tions : « Manifestation inter­dite mais tolé­rée », « L’émotion prime le droit » sans oublier la for­mule culte, « soup­çons avé­rés », à jamais exem­plaires pour bla­son­ner l’État macro­nien et oxy­mores presqu’aussi sublimes que « clair-obs­cur », inso­lite couple de mots immor­ta­li­sant le génie de Rembrandt. Mais avec les ministres Marcheurs, rien n’est clair et l’obscur est de mise.

Tout indi­vi­du dépo­si­taire d’un peu bon sens com­prend qu’il est grand temps de mettre fin à ce mas­sacre de l’Histoire condui­sant à l’éradication de mil­lé­naires de labeur et d’une créa­ti­vi­té dont les ancêtres de nos actuels inqui­si­teurs appré­cièrent les bien­faits tech­niques, sociaux ou encore médicaux.

Notre survie civilisationnelle en dépend. Ayons le courage et la dignité de dire NON à la barbarie en sauvant Clio !

Walther.

(1) Pour nos ancêtres ger­mains (car la France, ce n’est pas consti­tuée que des Gaulois), Francs, Burgondes, Wisigoths (de Provence et d’Occitanie), Normands, la mémoire était personnifiée.

Notre illus­tra­tion à la une : repré­sen­ta­tion de Clio sur l’Arc de Triomphe.

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Walther

2 Commentaires 

  1. En phy­sique, le noir est une absence de cou­leur ; et le blanc c’est l’en­semble de toutes les couleurs.
    Donc l’homme blanc est un homme de cou­leur !
    Vive l’homme blanc !

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    • Celle là je ne la connais­sais pas !! Elle est excel­lente…
      Mais juste je croyais que le blanc était neutre (posi­tif) et le noir, colo­ré (néga­tif).
      Les autres cou­leurs étant des com­bi­nai­sons de 3 ou 4 cou­leurs de base.

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