Sommes-nous devenus des toutous dociles aux ordres de leurs maîtres ?

11 sep­tembre 2020 | Aucun com­men­taire

Ça y est ! Les masques deviennent obli­ga­toires dans de nom­breuses villes et régions, notam­ment la nôtre. Ils devront être por­tés qua­si­ment par­tout y com­pris en exté­rieur à l’air libre. Désormais, c’est le conflit entre les pro et les anti-masques qui fait les choux gras des médias de l’audiovisuel : c’est le sujet phare dans les émis­sions à forte popu­la­ri­té comme « Les audi­teurs ont la parole » sur RTL où le très pate­lin Pascal Praud se com­plaît dans le rôle d’arbitre par­tial des débats polé­miques qu’il ini­tie entre audi­teurs remon­tés. Ce mer­cre­di, il s’est employé à don­ner la parole à des pro-masques plu­tôt vin­di­ca­tifs, au dis­cours pro­pre­ment tota­li­taire. Il est effa­rant d’entendre ces gens appe­ler au baillon­nage géné­ral, même après la crise du Covid.

C’est symp­to­ma­tique d’une popu­la­tion qui vit dans la peur et évite de se poser des ques­tions – sur­tout les bonnes – telles que :

• Pourquoi avoir peur de la Covid plus que d’une autre affec­tion ?
• Pourquoi une mala­die qui tue 0,05 % de la popu­la­tion, majo­ri­tai­re­ment des per­sonnes très âgées proches de leur fin pro­chaine, devrait-elle nous effrayer outre mesure ?
• Quand la grande fau­cheuse vient vous dire que c’est l’heure, par­tir du can­cer, d’un AVC, d’un infarc­tus, de la grippe ou de la Covid, que craindre le plus ?

La psy­cho­lo­gie nous apprend que, si la peur est une émo­tion de pro­tec­tion et une alerte face au dan­ger, lorsque le dan­ger n’est pas réel, la peur devient pathologique.

Montaigne - EssaisMontaigne qui n’a pas connu la Covid-19 à 0,3 % de léta­li­té mais a vécu des épi­dé­mies de peste… à 99,9 % de léta­li­té disait : « Ce dont j’ai le plus peur, c’est de la peur ». Le grand écri­vain, pré­cur­seur et fon­da­teur des sciences humaines, avait com­pris que la peur patho­lo­gique induit des réac­tions qui limitent la vie quo­ti­dienne dans la mesure où elle para­lyse au point d’interdire toute réac­tion. Se nour­ris­sant d’elle-même, elle s’amplifie jusqu’à ce que, enfin, la réa­li­té soit affrontée.

Il meurt envi­ron 600 000 per­sonnes par an en France. Les 35 000 morts du Covid repré­sentent seule­ment 5 % du total. Triste, certes, mais pas apo­ca­lyp­tique. La banale gas­tro-enté­rite fait chaque année plus de vic­times ! A‑t-on jamais assis­té à pareilles mesures sani­taires pour l’endiguer ? A‑t-on jamais assis­té à pareille psy­chose dans la population ?

Grâce à l’action conju­guée des auto­ri­tés sani­taires et des médias – hier encore, le pro­fes­seur Delfraissy appe­lait à des « déci­sions dif­fi­ciles » mais néces­saires contre l’épidémie –, le pays est majo­ri­tai­re­ment domi­né par la peur. Quand on était en confi­ne­ment, on savait que ça n’allait pas durer, sous peine d’anéantir toute l’économie. Mais le masque étant deve­nu l’universelle pana­cée, com­bien de temps va-t-il être impo­sé ? Si dans 10 ou 20 ans, le virus est tou­jours là, en per­pé­tuelle muta­tion, serons-nous tou­jours mas­qués et tenus à une stricte dis­tan­cia­tion phy­sique ? Notre jeu­nesse, mise au pilo­ri pour sa désin­vol­ture par les zéla­teurs du masque, doit-elle se pré­pa­rer à pas­ser une par­tie de sa vie mas­quée avec inter­dic­tion de se ser­rer la main, de s’embrasser ?

André Compte-Sponville - Petit traité Grandes vertusAh, mais, c’est que c’est impor­tant la san­té, argue­ront les Ayatollah de l’hygiénisme. Certes mais, comme le dit per­ti­nem­ment le phi­lo­sophe André Compte-Sponville : « La san­té est un bien mais elle n’est pas une valeur. Un bien est quelque chose que l’on peut dési­rer, convoi­ter, jalou­ser… La richesse est aus­si un bien. Par contre, une valeur n’est pas quelque chose que l’on peut envier mais que l’on peut admi­rer. Si j’admire quelqu’un parce qu’il est en meilleure san­té que moi ou plus riche que moi, je suis un imbé­cile. Les valeurs, c’est ce qu’on peut admi­rer : le cou­rage, la jus­tice, la géné­ro­si­té, l’amour… Voilà les valeurs suprêmes ». Et de fus­ti­ger cet ordre nou­veau, qu’il nomme « pan-médi­ca­lisme », qui fait de la san­té la valeur supé­rieure et tend à délé­guer aux méde­cins la ges­tion, non seule­ment de nos mala­dies, mais aus­si de nos vies et de nos socié­tés. Une dérive « pro­pre­ment inad­mis­sible » selon le phi­lo­sophe. Une posi­tion qui lui valut d’être vive­ment cri­ti­qué pen­dant la crise notam­ment quand il décla­ra qu’il fal­lait, en toute logique, davan­tage pro­té­ger les jeunes que les per­sonnes âgées. Mais aujourd’hui, on fait les bilans et on com­mence à s’interroger, comme Le Parisien qui titrait avant-hier à sa une : « Emploi des jeunes, inquié­tude de la géné­ra­tion Covid ».

André Compte-Sponville n’en tire aucune glo­riole mais insiste sur le fait qu’il est plus nor­mal de se faire du sou­ci pour l’avenir de ses enfants que pour la san­té de sep­tua­gé­naires (géné­ra­tion à laquelle il appar­tient). On parle beau­coup, à juste titre, de soli­da­ri­tés inter­gé­né­ra­tion­nelles, explique-t-il, mais on oublie de dire que cette soli­da­ri­té est tra­di­tion­nel­le­ment orien­tée et asy­mé­trique, c’est à dire que les parents se sacri­fient pour leurs enfants beau­coup plus que les enfants pour leurs parents, ce qui est nor­mal. Tout parent don­ne­rait sa vie pour ses enfants… En revanche, qui accep­te­rait que ses enfants donnent leur vie pour la sienne ? Quant à ces écoles où élèves et ensei­gnants tra­vaillent mas­qués, c’est « effrayant », dit-il : « Quelle déper­di­tion, d’attention, de com­mu­ni­ca­tion, d’échanges de com­pré­hen­sion ! Va-t-on sacri­fier l’éducation de nos enfants à la san­té de leurs grands-parents ? »

Ce qui est à craindre c’est que pour pro­té­ger les vieux, on en arrive à sacri­fier toute une géné­ra­tion pour une mala­die qui n’est mor­telle, répé­tons-le, qu’à 0,3 % des cas. Car nos poli­tiques, pri­son­niers du prin­cipe de pré­cau­tion, n’ont plus aucune marge de manœuvre. L’ordre sani­taire ou le sani­tai­re­ment cor­rect font que, lorsque la san­té devient la prin­ci­pale pré­oc­cu­pa­tion, on en arrive à sacri­fier l’avenir des jeunes géné­ra­tions pour sau­ver la san­té de quelques vieillards.

Les médias avides de sen­sa­tion­nel ont ins­tal­lé une ambiance tota­le­ment anxio­gène dans notre pays en nous annon­çant, chaque jour, le nombre de « cas » tou­chés par la mala­die, mais bizar­re­ment pas le nombre de morts. Pourquoi ne le font-ils pas aus­si pour le nombre de morts du can­cer (150 000 par an), des infarc­tus (140 000), des AVC (30 000), etc ? Étant don­né qu’il n’y a plus que quelques rares décès impu­tables à la mala­die, les médias ont entre­pris de nous annon­cer le nombre de « cas » au même rythme. Toujours pour entre­te­nir la peur. La peur du monde dans lequel nous vivons. D’abord à grand ren­fort de pro­jec­tions éco­lo­giques apo­ca­lyp­tiques et main­te­nant par une crise sani­taire arti­fi­ciel­le­ment sur­di­men­sion­née… C’est de la mani­pu­la­tion men­tale.

Petit toutou muselièreLe masque est un sym­bole d’obéissance et de sou­mis­sion. Il sym­bo­lise la muse­lière qui réduit au silence l’animal et l’empêche de mordre. Si nous accep­tons ce sym­bole, c’est que nous sommes déjà bien lobo­to­mi­sés. Nous sommes prêts à être des ani­maux envoyés au dres­sage… Muselés, vac­ci­nés, pucés…

Des tou­tous dociles aux ordres leurs maîtres.

Charles ANDRÉ

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