Epstein a financé une étrange fondation en lien avec Jack Lang

10 octobre 2020 | 2 Commentaires 

En France, on protège farouchement les politiciens les plus compromis avec les réseaux pédophiles

Encore une fois, c’est la presse étran­gère qui met les pieds dans le plat pour nous apprendre que Jack Lang a reçu de l’argent d’Epstein pour finan­cer une asso­cia­tion trouble(1) diri­gée par ses amis. Une infor­ma­tion pas si éton­nante que ça quand on se sou­vient que l’ex-ministre de la Culture, grand copain de Woody Allen, avait défen­du les pédo­philes en 1977. Voici la tra­duc­tion de l’article du Daily Beast :

Au prin­temps 2019, Jeffrey Epstein était per­so­na non gra­ta en Amérique. Le Miami Herald avait publié un article sur les abus du finan­cier sur des jeunes filles mineures, le minis­tère de la Justice avait ouvert une enquête sur son accord secret de 2008 et les pro­cu­reurs fédé­raux de Manhattan écha­fau­daient dis­crè­te­ment de nou­velles accu­sa­tions cri­mi­nelles contre lui.

C’est peut-être pour cela qu’Epstein s’est réfu­gié à Paris où le riche délin­quant sexuel n’est pas indé­si­rable pour tout le monde. L’homme poli­tique fran­çais Jack Lang, ancien ministre de la Culture puis de l’Éducation, a décla­ré sur France Info que lui et Epstein avaient par­ti­ci­pé à une fête pour le tren­tième anni­ver­saire de la pyra­mide du Louvre en mars 2019, soit envi­ron tout juste quatre mois avant l’arrestation de l’Américain par le FBI. Lang avait invi­té le tra­fi­quant sexuel qu’il décrit comme « une per­sonne char­mante, cour­toise et agréable ».

À pré­sent, le Daily Beast nous apprend qu’Epstein a finan­cé une orga­ni­sa­tion fran­çaise dont les diri­geants ont des liens avec Jack Lang lequel, il y a plu­sieurs dizaines d’années, avait approu­vé une opi­nion dépla­cée concer­nant des rela­tions sexuelles avec des enfants de 13 ans. À l’instar d’Epstein, il est très ami avec Woody Allen.

Le nom de cette orga­ni­sa­tion est « Association pour la pro­mo­tion de la poli­tique cultu­relle natio­nale menée dans les années 80 et 90 du XXe siècle ». Sa mis­sion, men­tion­née dans les sta­tuts, est aus­si vague que sa déno­mi­na­tion : « Promouvoir les prin­ci­paux lea­ders et les réa­li­sa­tions de la poli­tique cultu­relle de ces décen­nies » ! [ … ]

Avant l’arrestation d’Epstein, en juillet 2019, la socié­té Gratitude Ltd, une asso­cia­tion à but non lucra­tif de la sphère Epstein, a finan­cé cet obs­cur pro­jet pari­sien ain­si que deux groupes inter­na­tio­naux : une cli­nique du sexe à Rome et une com­pa­gnie de bal­lets lituanienne.

L’organisation fran­çaise, qui n’a ni site web ni pré­sence sur les réseaux sociaux, a été fon­dée en 2018. Elle rece­vait la même année 57 897 dol­lars de la part de Gratitude America. Deux anciens col­la­bo­ra­teurs de Jack Lang en sont les diri­geants tan­dis qu’un de ses employés actuels se trouve être un repré­sen­tant du groupe aujourd’hui.

Le tré­so­rier, Jacques Renard, fut direc­teur adjoint et chef de cabi­net au minis­tère de la culture sous Jack Lang dans les années 80 et au début des 90.
Christophe Degruelle, le pré­sident de l’association, est conseiller muni­ci­pal à Blois et a occu­pé la fonc­tion de chef de cabi­net de Lang au minis­tère de l’Éducation de 2000 à 2002.

Degruelle et Lang ont été vus (et pho­to­gra­phiés) ensemble en 2018. Dans une inter­view datant de 2016, Degruelle a décla­ré avoir pas­sé les trois der­nières années à conseiller Jack Lang quand il était pré­sident de l’Institut du monde arabe. « J’ai deux pas­sions dans la vie, a‑t-il pré­ci­sé, la poli­tique et la culture. J’ai la chance d’avoir trou­vé un équi­libre entre l’action publique locale une acti­vi­té avec Jack Lang qui répond à mes attentes ».

En outre, Fabrice Parsy, qui tra­vaille actuel­le­ment dans le bureau de Lang, est men­tion­né comme « agent du groupe » dans un docu­ment signé par Jacques Renard. Enfin, Sylvie Aubry, fleu­riste et pro­prié­taire de sa bou­tique, est secré­taire de l’association qui par­tage son adresse pro­fes­sion­nelle dans le 14e arron­dis­se­ment de Paris. On ignore si elle est liée à Jack Lang et/​ou Epstein et com­ment elle est liée aux autres diri­geants de l’association.

Aucun des res­pon­sables de l’association n’a don­né suite aux mes­sages deman­dant une expli­ca­tion. Lang n’a pas répon­du non plus lorsqu’un jour­na­liste du Daily Beast lui a envoyé un e‑mail pour recueillir ses com­men­taires. Quant à Fabrice Parsy, il a répon­du en tant que membre du per­son­nel du bureau de Lang pré­ten­dant que ce der­nier était occu­pé à pla­ni­fier un évé­ne­ment pour l’Institut du monde arabe et qu’il n’était pas disponible.

Epstein venait sou­vent à Paris. Lorsque le FBI l’a menot­té sur un tar­mac du New Jersey, l’année der­nière, il reve­nait d’un voyage dans la capi­tale française.

Les auto­ri­tés fran­çaises n’ont com­men­cé à enquê­ter sur Epstein qu’en août 2019, après qu’il se s’est sui­ci­dé dans une pri­son fédé­rale amé­ri­caine. « L’enquête fran­çaise ce concen­tre­ra sur les crimes poten­tiel­le­ment per­pé­trés sur les vic­times fran­çaises, com­mis sur le ter­ri­toire natio­nal et à l’étranger et sur les auteurs qui sont des citoyens fran­çais » a décla­ré à l’époque le pro­cu­reur de Paris, Rémy Heitz.

Le petit livre noir d’Epstein com­por­tait plu­sieurs numé­ros de télé­phone fran­çais, notam­ment celui de l’architecte d’intérieur Alberto Pinto – qui a déco­ré le manoir new-yor­kais d’Epstein et a ren­con­tré l’une des vic­times d’Epstein à Paris – et de l’hôtel le Crillon où Aubry est la fleu­riste offi­cielle. Son « rolo­dex » (car­net de bureau) conte­nait éga­le­ment un article inti­tu­lé : « mas­sage – Paris ».

La police a per­qui­si­tion­né l’appartement d’Epstein, situé ave­nue Foch et dont le coup s’élève à 8,6 mil­lions de dol­lars, ain­si que les bureaux de l’agent de man­ne­quins fran­çais, Jean-Luc Brunel, que les avo­cats des vic­times (et même son propre ex-comp­table) ont accu­sé de pro­cu­rer les filles à Epstein et qui, lui-même, a déjà été accu­sé de viol. En 1988, 60 Minutes à fait un repor­tage por­tant sur allé­ga­tions selon les­quelles Brunel aurait dro­gué des man­ne­quins et aurait vio­lé une femme alors qu’elle était incons­ciente. Brunel a nié en bloc.

Le bureau du pro­cu­reur de Paris a décla­ré au Daily Beast qu’il enquê­tait éga­le­ment sur la com­plice pré­su­mée d’Epstein, Ghyslaine Maxwell, dans le cadre de l’enquête sur des soup­çons de viol et d’abus sur mineurs en France. Maxwell est citoyenne fran­çaise, née en France et sa famille pos­sède des bien immo­bi­liers dans le pays. Elle est léga­le­ment citoyenne du Royaume-Uni et les États-Unis. [ … ] Maxwell est déte­nue dans un centre de déten­tion fédé­ral à New York en atten­dant son pro­cès pour des accu­sa­tions liées ou réseaux sexuels d’Epstein. […]

Virginia Roberts Giuffre, une sur­vi­vante du tra­fic d’Epstein, a affir­mé qu’Epstein et Maxwell l’avaient ame­née à Paris et l’avaient for­cée à avoir des rela­tions sexuelles avec eux et d’autres per­sonnes y com­pris le pro­prié­taire non iden­ti­fié d’une grande chaîne d’hôtels.

Pour sa part, Jack Lang a affir­mé qu’il ne savait rien de cette his­toire. Il a décla­ré à France Info qu’il avait ren­con­tré Epstein il y a quelques années, dans une fête orga­ni­sée par la prin­cesse Camilla de Bourbon-Deux-Siciles, la duchesse de Castro, pour célé­brer le réa­li­sa­teur Woody Allen, ami de longue date d’Epstein, chez elle à Paris.

Lang, 81 ans, a défen­du Allen à la suite des accu­sa­tions de sévices sur sa fille Dylan Farrow quand elle était âgée de 7 ans. Lorsque cette der­nière fon­dit en larmes au cours d’une inter­view sur CBS This Morning, Lang a twee­té son sou­tien à Woody : « #WoodyAllenforever » et « Il love you » (sic).

Interrogé à pro­pos de ces tweets, il a encore décla­ré à l’an­tenne de France Info : « Pourquoi, en cette étrange époque devrions maî­tri­ser Woody ? Le résul­tat est le pire : une cen­sure éco­no­mique, l’interdiction pro­fes­sion­nelle d’un grand maître du ciné­ma mon­dial », ajou­tant : « Je ne m’érige pas en juge ou en Cour suprême des mœurs, mais à cette époque aux États-Unis il y avait une sorte de chasse aux sor­cières dans la presse et cer­tains médias. »

Lang n’est pas inac­cou­tu­mé à la défense des accu­sés pédo­philes. En 1977 il avait signé une lettre de Gabriel Matzneff publiée dans Le Monde défen­dant trois hommes empri­son­nés pour abus sexuels sur des jeunes de 12 et 13 ans. « Trois ans de pri­son pour des câlins et des bai­sers, c’est suf­fi­sant » disait le texte.

Toujours au micro de France Info, par­lant d’Epstein : « Je ne suis allé qu’une fois chez lui Avenue Foch pour un déjeu­ner. Il est vrai qu’il était sou­vent accom­pa­gné de plu­sieurs jolies femmes mais qui n’étaient mani­fes­te­ment pas mineures » a affir­mé Lang qui s’est dit très sur­pris d’apprendre les accu­sa­tions por­tées contre l’homme d’affaires américain.

Interrogé sur Maxwell, Lang a affir­mé qu’il ne se sou­ve­nait pas l’avoir ren­con­trée mais qu’il connais­sait son père, le regret­té magnat de l’édition, Robert Maxwell.

Le magnat du ciné­ma en dis­grâce, Harvey Weinstein, a séjour­né chez Epstein À Paris. […] Le major­dome fran­çais d’Epstein a affir­mé que Steve Bannon, l’ancien stra­tège en chef du pré­sident Trump, avait fait appel à Epstein, à l’automne 2018. Le même a éga­le­ment été repé­ré entrant dans le manoir d’Epstein à Manhattan pour ce que le maga­zine Page Six décrit comme une « réunion secrète ». Le major­dome pari­sien a par ailleurs décla­ré que le prince Andrew, Bill Gates et son épouse Melinda ain­si que l’ancien pre­mier ministre israé­lien, Ehud Barak, ren­daient aus­si visite à Epstein à Paris.
[ … ]

Suivent des décla­ra­tions de vic­times et des témoi­gnages met­tant en cause les pro­ta­go­nistes de l’affaire Epstein y com­pris ceux du volet français.

[NDLR] Illustration à la une : copie d’é­cran de l’ar­ticle du Daily Beast.

(1) Objet décla­ré de l’as­so­cia­tion béné­fi­ciaire des lar­gesses de Jeffrey Epstein : valo­ri­ser la poli­tique cultu­relle conduite au niveau natio­nal dans les années 80 et 90 du 20ème siècle, notam­ment ses grandes orien­ta­tions, ses réa­li­sa­tions les plus signi­fi­ca­tives et le rôle de ses prin­ci­paux ani­ma­teurs ; sou­te­nir les rela­tions entre les milieux cultu­rels et éco­no­miques ini­tiés par cette poli­tique et favo­ri­ser les liens entre créa­teurs, cher­cheurs et pro­duc­teurs qui en ont décou­lé ; contri­buer à sou­te­nir la pro­duc­tion et la dif­fu­sion de toutes créa­tions et actions, y com­pris audio­vi­suelles et ciné­ma­to­gra­phiques, des­ti­nées à déve­lop­per la connais­sance de cette poli­tique et à favo­ri­ser sa com­pré­hen­sion auprès d’un large public.

2 Commentaires 

  1. Toute cette tur­pi­tude reste très mar­quée :
    – poli­ti­que­ment : à gauche
    – socio­lo­gi­que­ment : cela touche prin­ci­pa­le­ment une com­mu­nau­té que je ne vais pas citer car je ne sou­haite pas paraître antisémite.

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    • Bien dit, Sonia !

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