Du feu de Dieu !
C’est l’expression que vient d’utiliser le ministre de la santé à propos de la vaccination(1).
Cela signifierait que la France a enfin adopté un rythme fantastique, du tonnerre, à tout casser, formidable, à tout berzingue, pas piqué des hannetons…
Seulement voilà…
Quand on révise ses classiques en matière de religion, on s’aperçoit que ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. Parce que le – « Feu de Dieu » – est un feu de colère, un feu dévorant, c’est un ouragan, ce n’est que ténèbres et nuées obscures. Il tombe sur la terre et dévore les bois, les pierres et même la poussière, et même le peuple qui, impuissant, effrayé et terrifié, lance des cris d’épouvante.
Le Feu de Dieu marche devant lui et ses éclairs illuminent le monde, les montagnes fondent comme de la cire, les villes se transforment comme Sodome et Gomorrhe en un étang de feu, c’est le feu de la Géhenne, celui de la fin des temps, et la terre, ouvrant sa gueule, s’apprête à engloutir le monde entier. Mais qu’a donc pu faire le bon peuple pour encourir une telle colère de Dieu et se faire punir de la sorte ? Pourquoi Dieu, dans une ire folle, fait-il sortir un feu dévorant de sa bouche ainsi que des charbons embrasés, pourquoi la fumée lui sort-elle par les narines ? Pourquoi promet-il un holocauste digne d’un sacrifice offert à Moloch ? C’est parce que Dieu veut que l’on reconnaisse l’emblème de sa toute puissance, et de sa « science » qui doit pénétrer tout le monde et partout.
Dieu a donc l’intention de mater les racines de la rébellion et de la révolte, il veut punir les récalcitrants, les méchants et les condamner à errer durant 40 ans dans le désert jusqu’à ce qu’ils soient desséchés et transformés en une vallée d’ossements blanchis par le soleil !
Le Feu de Dieu est donc, non pas une bonne nouvelle, mais une « peine » infligée aux hommes désobéissants qui seront consumés par le soufre et le feu de la colère de Dieu.
Et le Seigneur compte bien sur le tremblement de peur et de crainte qui va saisir d’effroi les impies. Et à ce moment, il espère que, comme Moïse contemplant le buisson ardent, le peuple entrera dans la repentance et qu’il se cachera le visage de honte (et aussi parce qu’il faut être capable de supporter la splendeur dégagée par Dieu) quand il apparaîtra sur l’écran de la montagne en disant : « Me voici ! ».
Alors, les nuisibles, les inutiles, les pécheurs, au milieu des éclairs et des bruits tonitruants des trompettes, essaieront d’expliquer à Dieu que, comme Élie reclus dans son ermitage, ils sont en pleine déprime et qu’il faut leur pardonner… mais Dieu n’accorde pas son pardon aux tièdes, et il n’aime pas les indisciplinés ! Ce n’est pas un Dieu ordinaire et complaisant, ce n’est pas un iceberg, un glaçon, mais une flamme de feu, il est le seul qui existe et il est unique, et il exigera la repentance !
Voilà comment est Dieu et ce mauvais peuple sera foudroyé par son feu dans une incandescence éblouissante et les peuples seront comme des fournaises de chaux, des épines coupées qui grésillent dans les flammes.
Voilà comment est Dieu. Et le bon peuple répond : c’est bien ! Et les hommes et les femmes et les enfants s’avancent vers les tentes que Dieu a fait dresser dans la plaine parce que le Seigneur a promis à ces quelques tisons arrachés in extremis du feu que les rescapés de sa colère seront ceux qui lui restent fidèles et qui iront, en masse et promptement se faire vacciner. Ainsi, chaque fidèle qui aura reçu l’onction divine et scientifique aura sur lui – la marque de Dieu -, et il se rendra visible aux yeux de tous les impies récalcitrants par une – petite flamme brillant sur le dessus de sa tête – mais il faudra se faire vacciner avant la Pentecôte, la dernière date accordée…
Compris ? Sinon…
Alexandra SCHREYER
(1) Olivier Véran : « Vaccination, la logistique fonctionne du Feu de Dieu »
Ils nous ont brûlé Notre Dame