Lettre au baron Goullet de Rugy

Cédric de Valfrancisque nous fait par­ve­nir cet édi­to­rial crous­tillant à pro­pos des frasques de mon­sieur de Rugy. Nous avons sou­hai­té en faire béné­fi­cier nos lecteurs.

« Monsieur, ce que j’ad­mire en vous, c’est que vous avez le cou­rage d’être vous-même ; avec tout ce que cela com­porte de ridi­cule ! » (Raymond Devos)

Nous savions, depuis son avè­ne­ment, que le gou­ver­ne­ment était com­po­sé de pal­to­quets, d’amateurs et d’incapables mais Jupiter Micron, conseillé par Bayrou, le cré­tin des Pyrénées, nous avait pro­mis une « mora­li­sa­tion de la vie poli­tique ». On allait voir ce qu’on allait voir : des dépu­tés, des ministres hon­nêtes, intègres, irré­pro­chables. Bref, la France ne serait plus une répu­blique bana­nière et l’un des pays les plus cor­rom­pus du monde civi­li­sé (si tant est que la France soit encore un pays civilisé !)

Depuis, Ferrand, Bayrou-les-grandes-oreilles et la sor­cière Cruella de Sarnez ont dû quit­ter le gou­ver­ne­ment avec des cas­se­roles tin­tin­na­bu­lantes aux fesses…

Et voi­là que Médiapart nous apprend que l’aristo-pastèque (vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur), le baron de Rugy, aurait allé­gre­ment tapé dans la cave de l’Hôtel de Lassay quand il était au per­choir, poste qui conve­nait par­fai­te­ment à sa vani­té de paon.

Voyez-vous, baron, nous avons un point com­mun : nous sommes l’un et l’autre des petits hobe­reaux de pro­vince. Votre famille reçut en avril 1785 des lettres d’a­no­blis­se­ment « en tant que de besoin ».

D’Hozier donne copie des­dites lettres accor­dées par le roi Louis XVI à Jean Melchior Goullet de Rugy en avril 1785.

La famille Goullet de Rugy a accé­dé à la noblesse en 1765 par l’exer­cice d’une charge au par­le­ment de Metz. D’Hozier men­tionne en effet un membre de la famille Goullet de Rugy qui fut conseiller au par­le­ment de Metz mais la charge de conseiller, au sein de ce par­le­ment, ne don­nait la noblesse qu’au terme de la deuxième géné­ra­tion d’exer­cice suc­ces­sif de ladite charge (ano­blis­se­ment gra­duel). Noblesse récente donc mais qui devrait vous impo­ser des valeurs, des prin­cipes moraux, des devoirs et, sur­tout, un mini­mum de dignité.

Feu mon père, petit épi­cier de cam­pagne (qui était un sei­gneur), disait sou­vent : « Porter un nom ou un titre ne donne aucun droit mais un devoir : celui de s’en mon­trer digne. »

Aristocratie, baron, vient du grec aris­to­kra­tia (aris­tos, excellent, le meilleur, le plus brave et kra­tos, pou­voir). Ceci ne veut pas dire que nous soyons les meilleurs. Les fins-de-race de mon espèce on bien peu de talent et pour ma part, sans fausse modes­tie, je n’en ai aucun sus­cep­tible de me démar­quer de la médio­cri­té ambiante. Mais l’aristocrate doit avoir du panache, une pos­ture, un com­por­te­ment, des prises de posi­tion qui n’enfreignent pas les règles les plus élé­men­taires du savoir vivre et de la morale chré­tienne. C’est en cela qu’il peut, qu’il doit, être un modèle ou un exemple.

Bon, je vous concède bien volon­tiers des cir­cons­tances atté­nuantes : né en 1973 à Nantes, vous êtes le fils de Dominique de Rugy et de Maryvonne Fritz, tous deux ensei­gnants, donc, je pré­sume, de gauche ? Vous avez fait des études cor­rectes de « fils de profs » au lycée Guist’hau de Nantes, puis l’Institut d’Études Politiques (IEP) à Paris, dont vous sor­tez diplô­mé en 1994.

Girouette

Mais, avant même d’avoir fini vos études, vous enta­miez une car­rière de girouette poli­tique : dès 1991, vous adhé­rez à « Génération Écologie », le par­ti de Brice Lalonde, que vous trou­vez « plus cohé­rent et plus prag­ma­tique qu’Antoine Waechter ». Mais vous quit­tez le mou­ve­ment en 1994.

En 1997, vous voi­là chez les Verts et vous vous pré­sen­tez aux élec­tions légis­la­tives de mai 1997 dans la 3e cir­cons­crip­tion de Loire Atlantique. Vous réa­li­sez un score lamen­table : 3,87 % des suffrages.

En 2001, allié au PS, vous voi­là élu conseiller muni­ci­pal de Nantes, dans le groupe des Verts. Adjoint au maire, char­gé des trans­ports, vous êtes aus­si l’un des vice-pré­si­dents de la com­mu­nau­té urbaine. Vous n’avez jamais tra­vaillé ce qui, en France, vous pré­des­tine à une belle car­rière politique.

Mal remis de votre claque aux légis­la­tives de 2001, en 2007 vous faites alliance avec le PS.

Le 17 juin 2007, le ticket for­mé avec le socia­liste Pascal Bolo obtient 52,03 % des suf­frages, bat­tant le dépu­té sor­tant UMP Jean-Pierre Le Ridant.

Affilié au groupe par­le­men­taire de la « Gauche Démocrate et Républicaine », vous êtes élu secré­taire de l’Assemblée Nationale le 27 juin 2007.

Aux muni­ci­pales de 2008, vous êtes le can­di­dat unique de la gauche à Orvault, et vous êtes encore lar­ge­ment bat­tu. Mais vous êtes réélu dépu­té en juin 2012, dans le cadre d’une can­di­da­ture « Europe Écologie Les Verts », recon­dui­sant le ticket de 2007 avec Pascal Bolo, du PS.

Pour la pré­si­dence du groupe par­le­men­taire « Europe Écologie Les Verts », vous poi­gnar­dez dans le dos ce vieil éco­lo-gau­cho de Noël Mamère en vous fai­sant dési­gner copré­sident du groupe éco­lo­giste, en tan­dem avec votre copine, la « pou­pée Barbie » de l’écologie au sou­rire niais, Barbara Pompili.

Barbara Pompili - Europe Écologie Les Verts

Le 27 août 2015, nou­veau revi­re­ment : dans le jour­nal « Le Monde » vous annon­cez que vous quit­tez EEVL, dont vous dénon­cez « l’ab­sence de débat interne ». Quelques jours plus tard, vous par­ti­ci­pez à la créa­tion de « l’Union des Démocrates et Écologistes », mou­ve­ment qui se posi­tionne au centre gauche… Mais vous lais­sez à votre ancien par­ti 11 600 euros de coti­sa­tions impayées.

Le 19 mai 2016, nou­veau coup tor­du : avec cinq autres dépu­tés, vous quit­tez le groupe éco­lo­giste, pro­vo­quant sa dis­so­lu­tion, et vous rejoi­gnez le groupe socialiste.

Votre sou­rire car­nas­sier dis­si­mule mal vos dents à rayer le par­quet. Imbu de vous-même, ne dou­tant pas de votre bonne étoile, on vous retrouve can­di­dat aux pri­maires de la gauche en 2017.

Primaires gauche 2017

Vous avez pour ambi­tion de mettre « l’é­co­lo­gie au cœur du pro­jet de la gauche », à tra­vers 66 pro­po­si­tions déma­go­giques détaillées sur votre site internet.

Sur les ques­tions de socié­té, vous sou­hai­tez, entre autres, léga­li­ser le can­na­bis, l’eu­tha­na­sie et le sui­cide assis­té, ouvrir la Procréation Médicalement Assistée (PMA) pour toutes les femmes et enca­drer la Gestation Pour Autrui (GPA). Dès 2011, vous vous pro­non­ciez déjà en faveur de la GPA, par­ti­san du mariage homo­sexuel, et vous esti­miez que « l’a­dop­tion d’en­fants est un droit qui devrait être ouvert à tous ». Par ailleurs, vous décla­riez que l’IVG et la PMA sont des « étapes dans l’émancipation des indi­vi­dus ». Et vous pré­ci­siez « n’être croyant, ni pra­ti­quant, d’au­cune reli­gion ».

Devant un tel pro­gramme, cer­tains vous soup­çonnent d’être franc-maçon.

Une chose est cer­taine, le 14 décembre 2017, vous avez été reçu en grandes pompes par le Grand Orient de France, rue Cadet. Vous y érein­tiez publi­que­ment Jean-Luc Mélenchon qui fait pour­tant par­tie de la mai­son, es qua­li­té de frère de la même obédience.

Êtes-vous franc ? Oui, comme un âne qui recule.
Êtes-vous maçon ? Assurément non car vous avez pas­sé votre vie à démo­lir plu­tôt qu’à construire.

Votre pro­gramme res­sem­blait assez aux « avan­cées socié­tales » prô­nées par le Grand Orient de France. À vrai dire, on s’en fout que vous soyez ou non « frère la gra­touille ». Vous en avez le men­tal et vous êtes – au mieux ou au pire ? – un « maçon sans tablier » et, assu­ré­ment, un arri­viste sans le moindre scrupule…

Mais reve­nons aux pri­maires : le 15 jan­vier 2017, lors du deuxième débat télé­vi­sé, devant 1 750 000 télé­spec­ta­teurs, vous pre­nez publi­que­ment l’en­ga­ge­ment de sou­te­nir le vain­queur des pri­maires. Le 22 jan­vier 2017, nou­velle claque : vous obte­nez …3,82 % des voix !

Et moins d’un mois plus tard, vous reniez votre enga­ge­ment – pour­tant public – de sou­te­nir le vain­queur, Benoît Hamon, et vous vous enga­gez sans la moindre honte aux côtés de Macron pour la pré­si­den­tielle. La haute auto­ri­té des pri­maires qua­li­fie votre atti­tude de « contraire au prin­cipe de loyau­té ». On pense à cet adage bien connu des maqui­gnons et qui dit : « La parole vaut l’homme ou l’homme ne vaut rien »… Car vous ne valez RIEN, baron, vous êtes un félon, un rené­gat et un traître !

Candidat à un troi­sième man­dat de dépu­té, vous êtes réélu sous les cou­leurs macro­nistes le 18 juin 2017. Aussitôt élu, vous pos­tu­lez à la pré­si­dence de l’Assemblée Nationale. Pour obte­nir le per­choir, vous vous enga­gez à remettre en jeu votre pré­si­dence de l’Assemblée à mi-man­dat (selon la règle édic­tée par « La République en Marche »). Quelques jours plus tard, vous invo­quez l’ar­ticle 32 de la Constitution qui vous auto­rise à aller au terme de votre man­dat. Encore une volte-face !

Le 24 jan­vier 2018, vous faites adop­ter par l’Assemblée une ins­truc­tion géné­rale inter­di­sant le port de signes reli­gieux « osten­sibles » et contrai­gnant les dépu­tés à avoir une tenue ves­ti­men­taire « neutre ». Vous êtes déci­dé­ment, baron, un bien triste personnage !

Le 4 sep­tembre 2018, après le départ de Hulot, vous êtes nom­mé ministre d’État, ministre de la tran­si­tion éco­lo­gique et soli­daire. Mais cette nomi­na­tion est, en réa­li­té, une exfil­tra­tion car, au palais Bourbon, cer­tains vous qua­li­fient de « c‑o-n pré­ten­tieux ». De plus, les révé­la­tions de Médiapart com­mencent à fui­ter et, en ce début de grogne des « Gilets jaunes », le tan­dem Macron-Philippe veut évi­ter un nou­veau scandale.

J’ai omis de dire, baron, que vous êtes père de deux enfants, avec votre pre­mière com­pagne dont vous êtes sépa­ré. Et, le 16 décembre 2017, vous épou­siez, à la mai­rie du 7ème arron­dis­se­ment, Séverine Servat, jour­na­liste à Gala, une gazette très « people » pour sham­pooi­neuses et garçons-de-bains.

François de Rugy - Séverine Servat

Alain Delon était un homme à femmes ; vous, vous êtes, semble-t-il, un homme à pou­pées Barbie. C’est avec (avec ou à cause de ?) votre der­nière égé­rie – dont la dis­tinc­tion ne m’a pas échap­pé – que vous auriez orga­ni­sé, selon Médiapart, de somp­tueuses soi­rées pri­vées en réqui­si­tion­nant du per­son­nel de l’Assemblée Nationale, ain­si que du maté­riel et des consom­mables (notam­ment « de grands crus direc­te­ment issus des caves de l’Assemblée »). Ces révé­la­tions, parues plu­sieurs mois après votre départ de l’Hôtel de Lassay, pro­voquent une vive polé­mique. Gageons que ce sera encore une tem­pête dans un verre d’eau ! Je n’ose pas écrire « dans un béni­tier » de peur de frois­ser votre incroyance militante.

À l’heure où j’écris, cer­tains demandent votre démis­sion ce qui ten­drait à prou­ver qu’ils n’ont rien com­pris à la ripoux-blique « exem­plaire » vou­lue par Macron : on se gave entre voyous « et en même temps » on méprise la vale­taille, ce popu­lo qui fume des clopes et qui roule au dié­sel : CQFD !

Cédric de Valfrancisque.

Voir aus­si : Quinze par­le­men­taires épin­glés par le Parquet natio­nal finan­cier pour détour­ne­ment de fonds publics