Ma bonne semaine de mauvaise foi (10 novembre 2019)

Veuillez ne pas nous tenir rigueur pour ce retard excep­tion­nel dans la paru­tion de la Bonne Semaine de Mauvaise Foi de Patrice Lemaître. Merci de votre aimable compréhension.

Lundi 11 novembre 2019

La Cannoise Catherine Guillouard, l’é­narque pre­si­dente de la RATP, s’est fait aug­men­ter de 12,5% fai­sant pas­ser son salaire fixe de 300 000 à 350 000 euros.
Nos Énarques sont habi­tués à s’oc­troyer sans la moindre ver­gogne des salaires miro­bo­lants, et à conti­nuer de les aug­men­ter, avec de l’argent qu’ils n’ont pas, puisque la RATP, tout comme la SNCF, tout comme l’État lui-même, accusent des défi­cits abys­saux. Mais pour­quoi se gêne­raient-ils donc ?
Catherine Guillouard - présidente RATP

Mardi 12 novembre 2019

Une cagnotte pour Balkany ! Dans la série « le ridi­cule ne tue plus, et c’est bien dom­mage », on apprend cette semaine que des habi­tants de Levallois-Perret ont lan­cé une cagnotte pour aider leur ancien maire à sor­tir de pri­son !
Le pauvre élu se plaint de ne plus « avoir un rond », et craint de devoir « res­ter au trou ».
Une ques­tion quand même, se pose, en par­ti­cu­lier par­mi les Gilets Jaunes : la cagnotte lan­cée pour payer les frais de jus­tice de Christophe Dettinger, le boxeur de CRS lors d’une mani­fes­ta­tion des Gilets Jaunes avait été décla­rée illé­gale et sai­sie par la jus­tice. Dès lors, une cagnotte pour payer la cau­tion de Patrick Balkany condam­né à neuf ans de pri­son pour fraude fis­cale et blan­chi­ment est-elle bien légale ?
Pourquoi l’une serait inter­dite, sai­sie, et ses dona­teurs inter­ro­gés par la police, et l’autre légale ?
Les dona­teurs de la cagnotte pour mon­sieur Balkany vont-ils eux aus­si être enten­dus par les forces de l’ordre ?
Pourquoi pas au titre « d’en­cou­ra­ge­ment aux vols et à la fraude fis­cale » ?
Selon que vous serez puis­sant ou misé­rable.… vous connais­sez la suite !
Christophe Dettinger - Patrick Balkany

Mercredi 13 novembre 2019

Le prêtre de 91 ans tué lun­di dans l’Oise a été retrou­vé avec un cru­ci­fix coin­cé dans la gorge, pous­sé par un chausse-pied retrou­vé dans sa bouche. Les globes ocu­laires étaient enfon­cés. L’homme est mort asphyxié.
Entre 1988 et 2009, l’ab­bé Roger Matassoli avait exer­cé dans la paroisse Anne-Marie-Javouhey. Avant 1988, déjà, il y offi­ciait en tant que vicaire, depuis 1967. Soit 42 ans de pré­sence.
Second choc pour les parois­siens, ils ont appris hier que le prêtre fai­sait l’ob­jet de plaintes pour agres­sions sexuelles par un com­mu­ni­qué de l’é­vêque de l’Oise, Jacques Benoit-Gonnin. Son meur­trier pré­su­mé, Alexandre, 19 ans, est tou­jours hos­pi­ta­li­sé, son état psy­chia­trique étant pré­sen­té comme « incom­pa­tible avec la garde à vue ».
Y a t‑il un rap­port entre les deux affaires ? L’enquête le dira sans doute rapidement.
Prêtre - Pédophilie

Jeudi 14 novembre 2019

Un his­to­rien cana­dien, Chris Dummitt, expert en « gen­der stu­dies », avoue avoir fal­si­fié les conclu­sions de ses recherches, au ser­vice de sa propre idéo­lo­gie poli­tique.
On apprend donc dans cet inté­res­sant article du Point que cer­taines théo­ries bien en vogue dans le monde d’au­jourd’­hui qui cherche à les impo­ser comme « nor­males », ne sont en fait qu’af­fa­bu­la­tions et men­songes. Il faut abso­lu­ment lire les édi­fiantes confes­sions de ce cher­cheur et pro­fes­seur. On y découvre com­ment des cher­cheurs sont au ser­vice de leur idéo­lo­gie, et pro­fitent de l’autorité morale de leur fonc­tion ain­si que de l’autorité scien­ti­fique de leurs recherches pour abu­ser tout le monde.

Vendredi 15 novembre 2019

En 2017, qua­rante ans après la mort de Goscinny et six ans après qu’Uderzo a renon­cé à des­si­ner, le scé­na­riste Jean-Yves Ferri et le des­si­na­teur Didier Conrad sor­taient le 37e volume des aven­tures d’Astérix inti­tu­lé Astérix et la Transitalique. Un détail atti­rait tout de suite l’œil des pas­sion­nés du petit Gaulois : la dis­pa­ri­tion de la fameuse page d’ouverture pré­sen­tant une carte de la Gaule avec la loupe posée sur le vil­lage gau­lois entou­ré des camps romains. L’éditeur vou­lait-il évi­ter d’être taxé d’a­po­lo­giste de la vio­lence en par­lant de « résis­tants à l’en­va­his­seur », pour­tant les actua­li­tés récentes…
Irrésistible village gauloisLe mois der­nier est sor­ti un nou­vel album signé des deux mêmes Ferri et Conrad, « La fille de Vercingétorix ».
La page d’ouverture mon­trant une carte de la Gaule a été réta­blie (suite cer­tai­ne­ment à de très nom­breuses cri­tiques !). Cet album marque une grande nou­veau­té dans la série des albums : l’arrivée reten­tis­sante d’Adrénaline, la fille du célèbre roi des Arvernes tra­quée par les Romains, une jeune ado en pleine crise d’adolescence ce qui rajeu­nit un peu la saga qui n’a pas fait sou­vent la part belle aux jeunes (à l’ex­cep­tion du jeune luté­cien Goudurix, neveu du chef, qui se fera enle­ver par les méchants Normands). Pour bien mon­trer que l’his­toire est dans le vent, les deux auteurs n’ont pas hési­té à redes­si­ner le pirate noir, vigie du navire pour qu’il soit moins cari­ca­tu­ral (lèvres notam­ment), et à doter l’in­sup­por­table gamine de « deux papas », réfé­rence à l’« homo­pa­ren­ta­li­té » tota­le­ment assu­mée par les nou­veaux auteurs plus « modernes ».
La fille de Vercingétorix

Samedi 16 novembre 2019

On a appris hier la mort à 107 ans, un bel âge, de Lucette Destouches, autre­ment dit, l’épouse de Louis Ferdinand Céline, un des plus grands écri­vains que la France ait pro­duits.Louis-Ferdinand CélineLucette et Céline s’é­taient ren­con­trés en 1935. Il avait déjà com­mis son chef d’œuvre « Voyage au bout de la nuit ». Ils ne se quit­te­ront plus jus­qu’en 1961, année de la mort du grand plu­mi­tif. Et elle fera tout pen­dant ces années pour sau­ve­gar­der le sou­ve­nir de l’homme de sa vie. Pour lui, elle avait aban­don­né une car­rière pro­met­teuse de dan­seuse, mais elle conti­nue­ra jus­qu’à 85 ans de don­ner des cours de danse dans la vil­la Maïtou de Meudon (qu’elle avait dû aban­don­ner à grands regrets l’an der­nier à cause de sa vétus­té), où elle rece­vait des tas de per­son­na­li­tés, ou d’ad­mi­ra­teurs. Lucette, de son vrai nom Almanzor, fut intime de figures aus­si consi­dé­rables que les écri­vains Paul Morand, Antoine Blondin, Roger Nimier ou Marcel Aymé, des pres­ti­gieux comé­diens Michel Simon et Arletty, du peintre Jean Dubuffet, du chan­teur Mouloudji.
Dans « Un châ­teau l’autre » Céline décri­vit la vie à Sigmaringen où s’é­taient exi­lés ce qu’il res­tait de fidèles au Maréchal Pétain. Lucette en était la der­nière res­ca­pée encore vivante, et elle res­ta tou­jours fidèle à Louis-Ferdinand, même quand, à la Libération, il dût expier ses choix col­la­bo­ra­tion­nistes et ses fameux pam­phlets, qu’en 2017 elle accep­ta enfin de publier… ce qui n’est tou­jours pas fait, à cause de polé­miques inces­santes, qui montrent que la cen­sure lit­té­raire est bien tou­jours d’ac­tua­li­té en France.
Pour mieux la connaître, un livre reste incon­tour­nable : « Lucette » de Marc-Édouard Nabe.
Marc-Édouord Nabe - Lucette

Bonne semaine à tous, et à dimanche pro­chain.…
Patrice LEMAÎTRE